Denis Diderot (1713-1784)

Portrait de Diderot d'après Van Loo
Ce qui caractérise le philosophe et le distingue du vulgaire, c'est qu'il n'admet rien sans preuve, qu'il n'acquiesce point à des notions trompeuses et qu'il pose exactement les limites du certain, du probable et du douteux. Cet ouvrage produira sûrement avec le temps une révolution dans les esprits, et j'espère que les tyrans, les oppresseurs, les fanatiques et les intolérants n'y gagneront pas. Nous aurons servi l'humanité.
Lettre à Sophie Volland, 26 septembre 1762.
 
Voltaire le surnommait Pantophile, "l'ami de toutes choses", cet encyclopédiste qui se piquait de tout. S'intéressant à tout, curieux, insatiable, ce fils de maître coutelier de Langres va devenir le grand encyclopédiste des Lumières.
On a beaucoup glosé sur la complexité de Diderot, son esprit contradictoire, sa personnalité paradoxale. L'auteur du Paradoxe sur le comédien s'avoue lui-même soumis à cette dualité de caractère, "dogmatique pour, le matin, dogmatique contre, l'après-midi".
Sa formation dénote déjà une grande curiosité intellectuelle : le jeune Diderot suit les études qui lui plaisent, depuis la philosophie jusqu'aux mathématiques et à l'anatomie.
 
Diderot : Le Rêve de d'AlembertDiderot : La ReligieuseDiderot : Jacques le fataliste
 
C'est en 1746, le libraire Le Breton lui confie la codirection avec d'Alembert de l'Encyclopédie dont les travaux vont absorber pendant vingt ans une grande partie de son activité. Finalement, malgré de nombreux obstacles, il conduira l'entreprise au succès, tout en trouvant le temps de se consacrer parallèlement à d'autres travaux personnels : romans, essais philosophiques, drames, critiques littéraires et théâtrales, etc.
Planche de l'Encyclopédie
Dans son approche méthodologique, Diderot garde de l'idéal de "l'honnête homme" le rejet de la scolastique, l'amour des idées claires, le goût des lettres, la méfiance à l'égard de toute proposition que ne garantit pas l'expérience. À l'évidence cartésienne, il préfère la certitude expérimentale. À l'esprit de système du XVIIe siècle, Diderot fait succéder l'esprit de l'Encyclopédie, qui cherche à dresser l'inventaire des connaissances humaines et à offrir "un tableau général des efforts de l'esprit humain dans tous les genres et dans tous les siècles".
Le choix d'un classement alphabétique, qui met tous les savoirs scientifiques, intellectuels et pratiques sur un plan d'égale légitimité, donne la liberté au lecteur d'opérer tous les rapprochements qu'il désire. La tactique prudente des renvois d'un article à l'autre permet, par ailleurs, l'expression d'idées jugées subversives.
Diderot souhaite avoir servi l'humanité en s'attelant à une telle entreprise : investie sur tous les fronts pour les libertés et contre l'intolérance, l'Encyclopédie, diffusée à vingt-cinq mille exemplaires avant 1789, aura été le plus puissant véhicule de la propagande philosophique des Lumières.

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