Pour une totale liberté créatrice
Dans le domaine de l'esthétique, Lessing rompt avec le classicisme
académique en distinguant les arts plastiques ou visuels des
arts littéraires : pour figurer la beauté, les premiers
déploient leurs signes dans l'espace tandis que les seconds
utilisent la dimension temporelle. Cette idée originale de frontière
différenciant peinture et poésie apparaît déjà
dans sa correspondance avec Mendelssohn dès 1755. Dans l'essai
qu'il consacre au chef-d'œuvre de la statuaire antique Laokoon
(1766), Lessing va encore plus loin en évacuant de l'œuvre
d'art ce qui excède l'idéal esthétique,
revendiquant pour l'artiste une totale liberté créatrice,
loin des contraintes didactiques ou fonctionnelles des commandes religieuses
par exemple.
Un message de tolérance religieuse
Avec ses comédies et tragédies bourgeoises, Lessing a
été le premier grand dramaturge allemand. Incarnation
de l'esprit critique, il décide, pour faire suite aux polémiques
qu'il a eues avec un intolérant pasteur hambourgeois, de
délivrer un message de tolérance et un appel à
faire le bien avec sa dernière pièce, Nathan der Weise
(1779), où la sagesse s'incarne dans le personnage du juif
Nathan, figure que lui inspire son ami Moses Mendelssohn. La pièce
est devenue depuis un grand classique du théâtre allemand.