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La restauration des cartes portulans

Par l'atelier de restauration des Cartes et plans de la BnF

Restauration d'un document de très grand format : le portulan de François Ollive, 1662

La difficulté supplémentaire de ce travail réside dans le fait que ce portulan de très grande taille (117 x 195 cm) est constitué de 6 peaux raboutées les unes aux autres. Cet assemblage a créé d’importantes tensions qui se matérialisent par l’apparition de plis le long des zones où les peaux sont collées entre elles. En revanche, le dessin, la cartographie n’a été réalisée qu’une fois ces peaux assemblées. Il a donc fallu mettre en place un protocole de traitement qui permette de séparer chaque feuille pour les mettre à plat individuellement sans toutefois perdre la correspondance entre les lignes et les décors d’une feuille à l’autre. Le but de l’intervention est donc de redonner sa planéité au document sans perdre aucune information de la cartographie et en maintenant la concordance entre chaque feuille qui constitue le support. La technique utilisée est la même que décrite précédemment. L’ensemble du document est recouvert d’un cataplasme de colle. Mais pour celui-ci, l’humidité apportée a d’abord permis de séparer les différentes feuilles pour mettre à plat chaque partie séparément.

 
Le parchemin est humidifié sur des buvards blancs. Aucune couleur ne transfère, l’humidité n’atteint pas la couche picturale. Il n’y a aucun risque de perdre des informations. La couche de colle, qui est un amidon de maïs, est éliminée en partant du centre vers les extrémités de la peau. Ce geste qui permet de détendre les plis, est un geste traditionnel effectué par les parcheminiers au moment de la préparation de la peau. Il permet notamment de l’assouplir. Chaque feuille est ensuite positionnée l’une après l’autre sur la toile doublée de papier japonais. Il est important de ne pas fixer dès le début les peaux pour pouvoir les bouger à la fin et remettre ainsi les lignes de vents bien droites et faire correspondre parfaitement la cartographie ainsi que les décors d’une feuille à l’autre.
 
Une fois tout à sa place, l’ensemble du portulan est appliqué à travers un interface d’intissé grâce à un rouleau souple pour bien adhérer à son doublage provisoire. Comme pour l’exemple précédent, la toile est laissée intentionnellement pour faciliter la mise en place du portulan lors du montage et sera retirée une fois l’exposition terminée. Grâce aux marges, on crée des tirants pour permettre la tension du document.
Après restauration, ce portulan a servi de base au décor de l’entrée de l’exposition (visible au début de cette vidéo). Sa planéité retrouvée a permis aux photographes de la BnF d’effectuer un travail de prise de vue d’une grande précision pour rendre possible un agrandissement important.
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