L’Inde triangulaire dans l'Atlas catalan
Atlas catalan
Attribué à Abraham Cresques, 1375.
Manuscrit enluminé sur parchemin, 12 demi-feuilles de 64 x 25 cm chacune
BnF, département des Manuscrits, Espagnol 30, tableaux III et IV
© Bibliothèque nationale de France
L’Atlas catalan, présent dans les collections du roi Charles V à la fin du XIVe siècle, a probablement été réalisé vers 1375 par le cartographe Abraham Cresques, qui appartenait à la communauté juive de Majorque protégée par le roi d’Aragon. Ses sources sont très variées : outre un fonds de culture géographique issu de l’Antiquité et de la Bible, la représentation du monde est nourrie de la lecture du Devisement du monde de Marco Polo et sans doute également de récits de voyageurs arabes comme Ibn Battuta, sans exclure une transmission orale de renseignements marchands sur l’Asie mongole, la Chine et l’Inde.
Pour la première fois dans la cartographie occidentale, l’Inde est représentée avec sa forme triangulaire (bien que l’on ne puisse pas voir clairement la pointe sud). Les noms des ports de l’Inde occidentale s’inspirent de la cartographie et de la géographie arabe de l’époque. En dessous du souverain de Delhi (« Lo Rey Delli »), on reconnaît le golfe de Cambay et le Gudjerat d’où venaient les marchands indiens, avec ses principales villes portuaires : Goga et Barochi (Broach). À l’ouest, le golfe persique est présenté comme le débouché des marchandises indiennes vers la Méditerranée ; on y voit un navire transportant des épices et des pêcheurs de perles. À l’est de l’Inde, le cartographe, peut-être gêné par le manque de place, a situé l’île de Ceylan, et tout à fait à l’est, l’île antique de Taprobane, qui évoque ici sans doute Java ou Sumatra. D’autres îles anonymes parsèment l’océan Indien oriental, telles des pierres précieuses colorées où nage une sirène à double queue de poisson.
Dans les espaces libres du continent asiatique l’auteur a placé, un peu au hasard, des miniatures et des commentaires relatifs à des légendes répandues au Moyen Âge, et qui sont la plupart du temps associées à l’Inde et à l’océan Indien. On aperçoit ainsi en Asie orientale une scène rappelant le combat des mythiques pygmées contre des grues géantes, et tout à fait au nord, un bûcher funéraire rappelle les coutumes indiennes de crémation des morts et évoque la pratique des sati, les veuves qui s’immolent auprès de leur mari défunt.
 
 

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