Kubilaï Khan reçoit les cadeaux du Pape
Marco Polo (1254-1324), Le Devisement du monde ou Livre des Merveilles
Récit de 1299, copié à Paris vers 1410-1412.
Enluminure par le Maître de la Mazarine et collaborateurs. Manuscrit sur parchemin, 299 feuillets, 42 x 29,8 cm
BnF, département des Manuscrits, Français 2810, fol. 5
© Bibliothèque nationale de France
Au début des années 1270, Kubilaï a réglé le conflit dynastique qui l’opposait à son frère Arïq Bögä pour le titre de Grand Khan. Il se consacre dès lors à la conquête de l’Empire des Song au sud de la Chine, la région du Mangi. Cette conquête est définitivement achevée en 1280. Il est ainsi le premier non-chinois a régné sur toute la Chine. Il s’applique dès lors à reprendre toutes les traditions de l’Empire, tout d’abord en installant sa capitale à Pékin, où dès 1260, il fait bâtir une nouvelle ville au nord de la vieille ville chinoise. Il présente dans son gouvernement ce double visage de Grand Khan, héritier principal de l’Empire de son grand-père Gengis Khan, et Empereur de Chine, héritier d’un État de mille cinq cents ans. Lui-même bouddhiste, il est d’une grande tolérance envers les autres religions, permettant la coexistence de toutes, dans la mesure où elles ne remettent pas en cause son autorité. Par son faste et l’étendue des ses possessions, il est le plus grand seigneur de son temps.

Comment messires Nicolas et Matfré Pol se présentèrent devant le Grand Khan
Arrivés dans cette grande cité, les deux frères et Marc se rendirent au palais, où ils trouvèrent le Grand Khan en compagnie de tous ses barons. Ils s'agenouillèrent très humblement devant lui. Le Grand Khan les fit relever, et les accueillant à grand honneur, leur témoigna la joie profonde qu'il avait de les revoir.
Le Grand Khan leur demanda de leurs nouvelles et comment ils avaient fait tout ce voyage. Les deux frères répondirent que tout était très bien puisqu'ils le retrouvaient heureux et en bonne santé. Ils lui présentèrent alors les privilèges et les chartes que leur avait confiés le pape à son intention. Le Grand Khan en fut plein de joie. Les deux frères lui offrirent également un peu d'huile sainte du Saint-Sépulcre. Le Grand Khan en fut rempli d'allégresse, et la garda en grande vénération.
Avisant Marco, le Grand Khan demanda qui était ce jeune homme. « Sire, dit son père, c'est mon fils ; il est votre homme ! » « Qu'il soit le bienvenu ! », dit le Grand Khan. Pourquoi vous en parler longuement ? Il y eut une grande fête pour célébrer le retour des deux frères. Servis et honorés par tous, ils demeurèrent à la cour parmi les autres seigneurs.
 
 

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