Océan Indien nord avec l'Arabie et l'Inde
Atlas Miller
Œuvre de Lopo Homem [Pedro et Jorge Reinel, António de Holanda], [Portugal], 1519.
Manuscrit enluminé sur vélin, 41,5 x 59 cm et 61 x 118 cm
BnF, département des Cartes et Plans, CPL GE D-26179 (RES), f. 3
© Bibliothèque nationale de France
C’est sur cette carte que la plupart des données nouvelles rapportées d’Orient ont été enregistrées pour la première fois. Les toponymes à l’est d’Aden sur la côte de l’Arabie, puis la côte ouest de l’Inde, révèlent la présence des Portugais. Les villes importantes sont symbolisées par des citadelles stylisées, superbement exécutées. Une miniature représente à la Mecque le sanctuaire de la Ka’aba, que les chrétiens confondaient avec le tombeau de Mahomet. Cette carte est l’une des premières à figurer assez fidèlement le delta du Gange et le golfe du Bengale et à aligner correctement la côte de la Birmanie. L‘immense archipel d’îles multicolores en bas au centre sera divisé en îles Laquedives et îles Maldives dans les cartes ultérieures. Ceylan et le nord-ouest de Sumatra (Taprobane), grotesquement déformés dans les ouvrages précédents, sont ici assez bien situés.
La carte est décorée d’élégants bateaux. Les deux en bas à gauche à la voile ornée d’une croix sont portugais. Ceux qui arborent le croissant islamique représentent un escadron de la flotte ottomane dans l’océan Indien, semblable à celui que commandait l’amiral turc Pirî Reîs (ca 1480-1553). Les gros bateaux à deux gouvernails à l’est de l’Inde sont des navires chinois.
Au nord de l’Inde, les éléphants, rhinocéros et lions élégamment dessinés symbolisent la faune exotique de l’Asie méridionale. L’enlumineur a placé à gauche du delta du Gange deux éléphants d’Asie, et dessiné au nord de l’Hindoustan une nouvelle bête sauvage, le rhinocéros d’Inde, unicorne, dont un représentant avait été transporté de Goa à Lisbonne en 1515, et offert en cadeau à Manuel Ier. À cette date, le rhinocéros d’Afrique est encore inconnu des Européens. Un guerrier à cheval traverse au galop la corne de l’Afrique, et au centre de l’Inde, deux indigènes féroces se préparent au combat. Deux chameaux parcourent l’Arabie, tandis qu’entre Aden et Ormuz, près de la côte de l’actuel Yémen, le peintre a représenté un guerrier arabe surveillant la route du golfe Persique. Il est habillé d’une robe orientale, et brandit d’une main un cimeterre, de l’autre un bouclier décoré de quatre croissants.
La composition est complétée par une belle flore typique de chaque région, des pavillons et blasons portugais et une rose des vents. Cette planche fait sans aucun doute partie des cartes conservées dont la beauté artistique égale l’importance historique.
 
 

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