Océan Indien sud avec l'Insulinde, la mer de Chine orientale et les Moluques
Atlas Miller
Œuvre de Lopo Homem [Pedro et Jorge Reinel, António de Holanda], [Portugal], 1519.
Manuscrit enluminé sur vélin, 41,5 x 59 cm et 61 x 118 cm
BnF, département des Cartes et Plans, CPL GE D-26179 (RES), f. 4
© Bibliothèque nationale de France
Cette carte représente les îles à épices de l’Orient, les Moluques (Chinarum Insule), objet de toutes les convoitises. Pedro et Jorge Reinel ont effectué ici le tout premier relevé cartographique connu du groupe des Moluques et le premier tracé relativement précis de Sumatra (toujours appelé Trapobana Insula) où l’on reconnaît même le détroit de Malacca. Une légende précise qu’« avant et après Taprobana, il y a une multitude d’îles au nombre de 1378 ». À l'est de Sumatra, et parallèlement à elle, se trouvent Java Major (Java), Java Minor (Bali ?), et Cunda insula (îles de la Sonde). Le golfe de Siam est toujours absent mais le Sud-Est asiatique est assez bien rendu avec le delta du Mékong et l’archipel des Mergui, au sud-ouest de la Birmanie du Sud (en haut à gauche de la carte). Le sud de la mer de Chine et l’Indonésie sont représentés comme une route maritime portugaise entourée de pavillons de pays. Deux bateaux lusitaniens et cinq navires musulmans soulignent le conflit maritime permanent entre les pays d’Europe et d’Asie pour les îles à épices et les centres commerciaux du détroit de Malacca.
Conquis par les Portugais en 1511, Malacca devint le principal centre commercial des épices et de la soie orientales. Il est intéressant de noter qu’il est ici figuré deux fois, probablement parce que les explorateurs ont souligné son importance en lui donnant des noms légèrement différents. L’entrepôt est symbolisé par de grandes cités blanches que protègent des tours à cinq étages dont l’une porte le nom de Malaqua et l’autre celui de Mabaqua. Au nord-ouest se trouve la ville d’or de Pegu, antique capitale de la basse Birmanie dont l’histoire remonte au VIe siècle de notre ère. Les premiers voyageurs européens furent émerveillés par ses nombreuses pagodes, son immense sanctuaire doré et son colossal Bouddha couché du Xe siècle, long de 54 m, le monument le plus impressionnant du bouddhisme méridional.
Cette carte transmet de nombreuses données nouvelles sur l’Extrême-Orient, en juxtaposant audacieusement les connaissances antiques héritées de Ptolémée et de nouvelles données géographiques issues des découvertes. À côté des « zones climatiques » (divisions en latitude), héritées de l’Antiquité, un continent massif, à droite, représente la côte orientale du Magnus Sinus (Grand Golfe) de Ptolémée, correspondant à l’idée que les Grecs se faisaient de l’Asie.
 
 

> partager
 
 

 
 

 
> copier l'aperçu
 
 
> commander : page1, page2