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Vue des deux ailes et des squares. Place Napoléon III, tome I

Vue des deux ailes et des squares. Place Napoléon III, tome I
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« D’où vient cette persévérance et même cette popularité pour l’exécution d’un palais ? C’est que le caractère d’un peuple se reflète dans ses institutions comme dans ses mœurs, dans les faits qui l’enthousiasment comme dans les monuments qui deviennent l’objet de son intérêt principal. Or la France monarchique depuis tant de siècles, qui voyait sans cesse dans le pouvoir central le représentant de sa grandeur et de sa nationalité, voulait que la demeure du souverain fût digne du pays, et le meilleur moyen de répondre à ce sentiment était d’entourer cette demeure des chefs-d’œuvre divers de l’intelligence humaine. » Le 14 août 1857, le rêve séculaire de la réunion des palais du Louvre et des Tuileries se réalisait. « L’ordre, la stabilité rétablis et la prospérité toujours croissante du pays » l’avaient permis. L’Empire était la monarchie accomplie. Le Nouveau Louvre en était l’emblème.
Pour réaliser cette cité impériale éclairée, à la fois résidence du souverain, ministère, bibliothèque, musée et caserne, Hector Lefuel, à la suite de Visconti, avait prolongé l’aile de Rohan et doublé en partie les deux galeries par des bâtiments ouverts sur une place Napoléon dans l’axe parfait du Louvre. La nouvelle architecture empruntait religieusement au vieux palais. Les six nouveaux pavillons, aux noms de grands commis de l’Ancien Régime ou du Premier Empire, se modelaient sur celui de l’Horloge, devenu pavillon de Sully. Sur sa façade, Napoléon III s’affirmait successeur de François Ier et de Catherine de Médicis, et partout son chiffre « N » frappait le bâtiment. Une décoration sculptée, pour laquelle on avait pris les estampages des ornements originels, surchargeait les façades de motifs allégoriques affirmant la puissance et la clémence de l’État, l’œuvre civilisatrice des arts et des sciences. Une statuaire d’hommes illustres des arts et des lettres, du monde savant, religieux et politique gardait la cour Napoléon tandis que celle des généraux célèbres tenait la rue de Rivoli. Tout un peuple travaillait jour et nuit.
Pour gérer les chantiers, les architectes avaient pris l’habitude de constituer des archives photographiques. Aussi, en octobre 1854, Lefuel, en accord avec le ministre d’État Achille Fould, faisait relever par la photographie les façades du Vieux Louvre. Un an après, il faisait de même pour les diverses parties de sculpture, statuaire et ornements des constructions neuves. Plus de deux mille photographies allaient être ainsi réalisées par Édouard Baldus, un peintre d’origine allemande que la Mission héliographique de la commission des Monuments historiques (1851) avait établi comme un grand photographe d’architecture. Son style en effet cadrait au plus près le monument et mettait en valeur le décor ornemental. Poursuivant maintenant ses « villes de France photographiées », toujours soutenu par l’État, il avait déjà pris un pavillon de l’Horloge. S’il continuait d’utiliser le négatif papier pour l’ornementation du Louvre, il pratiquait désormais le collodion humide pour les vues des façades. « Les frises délicates qui courent sous les corniches, les chapiteaux, les guirlandes, la rosace si purement découpée qu’on la prendrait pour une dentelle de fer ; tous les détails de cette riche ornementation ont été reproduits avec une précision qui montre la puissance de la photographie dans son application à l’art monumental. Il serait à désirer, ajoutait Lacan, que, à mesure que chacune des parties du Nouveau Louvre sera terminée, elle fût reproduite ainsi, afin que les habitants de la province et des pays étrangers pussent connaître et admirer comme nous les merveilleuses beautés de ce gigantesque monument, qui sera le chef-d’œuvre collectif des premiers artistes de notre temps, inspirés par la patriotique et grande pensée qui préside à ces travaux. » C’est ce que pensaient l’architecte, le ministre et l’empereur.
On copia « pierre à pierre » le Nouveau Louvre dans des albums, vue générale, élévation des façades, grands détails et enfin corpus ornemental pour chaque pavillon. D’abord prévus pour être offerts par l’empereur lors des cérémonies d’inauguration, les vingt-cinq albums de la famille impériale, du gouvernement et des potentats étrangers furent distribués au nouvel an. Onze bibliothèques bénéficièrent d’un don de l’État.
M.-C. S.-G.

© Biliothèque nationale de France

  • Date
    1856-1857
  • Auteur(es)
    Édouard Baldus (1813-1882)
  • Description technique
    Album Le Napoléonium. Monographie du Louvre et des Tuileries réunis, avec une notice historique et archéologique
    [Adolphe Berty] Paris, A. Grim, 1856, [2] f. - III - 36 p. - [52] f. de pl.
    Extrait du Moniteur des architectes
    Pl. gravées numérotées de 1 à 64 dans la table (les pl. doubles portent une suite de numéros), dont 2 photographies par Bisson (au lieu des 4 annoncées dans la table) : épreuves sur papier albuminé d'après négatif sur verre au collodion, 36 x 25 cm environ.
    Demi-reliure à coins en maroquin prune, dos frappé au chiffre de Napoléon III couronné.
  • Provenance

    Don du ministère d’État, 22 juin 1860 ; Bibliothèque nationale de France, Réserve des livres rares, département des Estampes et de la Photographie, Ve-79-Fol. à Ve-79c-Fol. Rés.

  • Lien permanent
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