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Jérusalem. Fontaine / Aug. Salzmann phot. Impr. photogr. de Blanquart-Évrard à Lille
N° 119 dans le négatif

Jérusalem. Fontaine / Aug. Salzmann phot. Impr. photogr. de Blanquart-Évrard à Lille
N° 119 dans le négatif
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Chargé par le ministre de l’Instruction publique d’une mission scientifique à Rhodes afin d’étudier les monuments laissés par les chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, Auguste Salzmann se rendit en fait à Jérusalem en janvier 1854.
C’était un peintre alsacien qui s’était pris de passion pour l’archéologie, sans doute à l’occasion d’un voyage en Égypte à la recherche d’antiquités pour le musée de Colmar. À la suite d’Eugène Piot et de Maxime Du Camp, il s’était mis à la photographie et pratiquait le procédé de Le Gray. « En général l’emploi fait jusqu’à présent de l’admirable procédé de la photographie par différents voyageurs n’a pu produire pour la science les résultats qu’on en attendait. S’attachant uniquement à des vues générales, ils ont fait ce que le dessinateur a toujours le temps d’exécuter et ils ont omis les détails si précieux que l’artiste n’a pas le loisir de prendre. M. Salzmann s’attachera donc aux points de vue rapprochés et aux détails, soit d’armoiries, soit de sculpture d’ornementation, soit enfin d’appareil et de façon de construire, que la photographie seule peut rendre. » C’était la recommandation de la commission de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, qui avait examiné le projet. Elle comprenait le savant Félicien Caignart de Saulcy, polytechnicien, archéologue, numismate, conservateur du musée de l’Artillerie. Et c’est pour défendre ce savant que Salzmann prétendait changer d’itinéraire afin de « rendre un vrai service à la science, en étudiant et surtout en reproduisant par la photographie tous les monuments de Jérusalem, principalement ceux dont l’origine était contestée ». En 1850 et 1851, lors de son voyage à la mer Morte et dans les terres bibliques, en compagnie notamment d’Édouard Delessert, Saulcy avait étudié l’enceinte du Temple et le tombeau du Roi et il prétendait les faire remonter à l’époque judaïque, voire salomonienne, alors qu’ils passaient pour des monuments de la décadence grecque ou romaine. À l’époque de la photographie, les dessins de l’atlas du livre qu’il publia en 1853 n’étaient plus des preuves.
Salzmann rapporta quelque cent quatre-vingt-dix clichés, une exploration méthodique allant des vues générales jusqu’aux détails. Les vues rapprochées étaient privilégiées car les photographies n’étaient « plus des récits, mais bien des faits doués d’une brutalité concluante ». Saulcy salua les qualités de peintre du photographe qui savait choisir avec son tact d’artiste l’effet le plus heureux des lignes et des lumières. Le pittoresque rejoignait l’érudition.
En 1856, les éditeurs Gide et Baudry publièrent un volume de texte dû à Salzmann accompagné soit d’une « petite édition » au format du texte de quarante photographies, soit d’une « grande édition » de cent soixante-quatorze photographies grand format tirées par Blanquart-Évrard. Mais auparavant, après le retour du photographe en avril 1854, l’imprimerie photographique de Lille avait fait un tirage à compte d’auteur qui avait permis à Blanquart-Évrard d’exposer trois volumes de photographies (Jérusalem, art judaïque ; Jérusalem, art chrétien ; Jérusalem, art arabe) à l’Exposition universelle de 1855. Salzmann était récompensé d’une médaille de 2e classe. Ces tirages de tête furent achetés par des érudits dont le duc de Luynes. Salzmann pensa offrir son œuvre au roi de Prusse par l’intermédiaire du savant Humboldt. Quant à l’empereur, il reçut sans doute une collection complète par l’intermédiaire de Saulcy, qui fréquentait la princesse Mathilde et le prince Jérôme-Napoléon. En 1855, le service des Beaux-Arts commanda une reliure emblématique, où l’empereur revendiquait comme les hospitaliers la garde de Jérusalem.
M.-C. S.-G.


© Biliothèque nationale de France

  • Date
    1855
  • Auteur(es)
    Auguste Salzmann (1824-1872)
  • Description technique
    Album Jérusalem. Étude et reproduction photographique des monuments de la ville sainte depuis l’époque judaïque jusqu’à nos joursLille, impr. photographique de Blanquart-Évrard, [vers 1854], [74] f. de pl.
    1 plan gravé et 73 tirages sur papier salé d’après négatif sur papier ciré sec. Les numéros des photographies inscrits sur le négatif ne sont pas encore masqués.
    Reliure d’A. Despierres, relieur de l’empereur, 1855. Chagrin vert, les deux plats estampés à froid du chiffre couronné de Napoléon III en semé ; les armes de l’empereur au centre du plat supérieur avec aux quatre coins la croix de Jérusalem reprise au centre du plat inférieur et aux quatre coins. Gardes en moire verte. Contreplats supérieur et inférieur frappés aux quatre coins du chiffre couronné de l’empereur. Dos portant le titre « Jérusalem, volume II », le nom du photographe et le chiffre couronné de l’empereur.
    Cachet « Bibliothèque - palais de Compiègne » ; n° d’inventaire 1505, puis 7556 ; don du ministère de l’Instruction publique (9 janvier 1890, n° 55586, provenant de l’ancienne bibliothèque de Compiègne)
  • Provenance

    Bibliothèque nationale de France, Département des Estampes et de la Photographie, Vh 10c folio Réserve

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm408200069j