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Grand salon carré (France)

Album Exposition universelle des beaux-arts. 1855. Avenue Montaigne
Grand salon carré (France)
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Aucun des albums consacrés aux Salons annuels de peinture entre 1851 et 1870 ou aux Expositions universelles de 1855 et 1867 ne figure dans les collections des bibliothèques impériales telles qu’elles nous sont parvenues. Pourtant nul doute que ces volumes étaient conservés au moins à la bibliothèque du Louvre. L’événement annuel qu’était le Salon fut organisé et réorganisé durant tout le Second Empire par le surintendant des Beaux-Arts Émilien de Nieuwerkerke aidé de Philippe de Chennevières et de Frédéric Buon. L’attribution officielle du privilège de rendre compte de ces manifestations était alors consentie à quelques photographes : Le Gray de 1851 à 1853, Bingham en 1859, Richebourg en 1861, Michelez pour les années 1864 à 1867, qui photographia aussi systématiquement les acquisitions de l’État décidées par Napoléon III lors de sa visite au vernissage de chaque Salon.
Ces albums complets, qui forment pour nous comme les archives et la chronique de cette manifestation parisienne très courue, étaient, si l’on en juge par leur rareté, réservés à un petit nombre de personnes. Les photographies d’œuvres vendues à la pièce n’en représentaient pas moins une importante source de revenus pour les photographes, d’où de notables conflits d’intérêts. Après 1855, à la suite des protestations de certains artistes exposés dans la section des beaux-arts de l’Exposition universelle, il faudra s’assurer l’accord des peintres, susceptibles de s’opposer à la diffusion photographique de leur œuvre ou d’en réserver l’exclusivité à certaines firmes, notamment Goupil. À partir du début des années 1860, une âpre concurrence se fera jour pour ce droit de reproduction. La correspondance reçue par Nieuwerkerke en témoigne : Richebourg, Bingham, Michelez, Franck, Eugène Colliau et même Nadar s’y disputent l’accès aux cimaises.
L’Exposition universelle de 1855, voulue par l’empereur dès le début de l’année 1853, devait, contrairement à celle de Londres en 1851, comporter une section dédiée aux beaux-arts. L’organisation de celle-ci, confiée à Frédéric Bourgeois de Mercey avec le titre de commissaire impérial de l’Exposition universelle des beaux-arts, justifia la suppression du Salon annuel de peinture en 1854 et 1855, suscitant déjà des récriminations de la part des artistes. Il importait donc que la section revêtît un éclat particulier. Elle comportait, en plus de la présentation des œuvres de peintres des différents pays, une rétrospective des œuvres d’Ingres, trente-cinq toiles de Delacroix et une large sélection de celles d’Horace Vernet.
Un album de dix-huit vues générales, attribuable à Disdéri, fut réalisé à cette occasion. La paternité des photographies, curieusement non signées, est révélée par des plaintes émanant de deux peintres, Henry Schlésinger et Charles-Louis Müller, qui demandèrent réparation, leurs œuvres ayant été reproduites et commercialisées par Disdéri sans leur accord. Il n’existe pas de trace pour confirmer l’attribution, de ce qui était certainement une commande de Mercey : comme les planches réalisées précédemment par Le Gray en 1852, celles-ci devaient être réservées à un petit nombre de personnes, voire uniquement à l’administration et à quelques hôtes de marque.
Le grand salon carré de l’Exposition, où étaient présentées les œuvres françaises, offre une place de choix à l’immense composition tout juste achevée par Franz-Xaver Winterhalter, L’Impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneur. Cette œuvre connut un grand succès populaire, même si elle fut entourée d’un silence critique lourdement réprobateur : Mérimée, par ailleurs tout acquis à l’impératrice, trouve la toile "détestable mais il n’en faut rien dire à la cour". Elle annonce et illustre l’omniprésence des tableaux de commande dans les expositions du Second Empire.
L’exemplaire de l’album conservé par la Bibliothèque nationale de France provient du collectionneur et historien d’art Moreau-Nélaton, qui en fit don en 1927. Un autre exemplaire se trouve au Victoria & Albert Museum à Londres et un troisième est apparu sur le marché parisien il y a quelques années.

© Biliothèque nationale de France

  • Date
    1855
  • Auteur(es)
    Attribué à André-Adolphe-Eugène Disdéri (1819-1889)
  • Description technique
    18 épreuves sur papier albuminé d’après négatif sur verre au collodion
    Légendes imprimées sur papier collé au-dessous de chaque épreuve
    Don Moreau-Nélaton, 1927
  • Provenance

    Bibliothèque nationale de France, Département des Estampes et de la Photographie, Ve 611 folio Réserve

  • Lien permanent
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