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Palais de Tsarskoé-Sélo. Salon chinois. Tome I, planche 15

Album Trésors d’art de la Russie ancienne et moderne, par Théophile Gautier. Ouvrage publié sous le patronage de sa majesté l’empereur Alexandre II, dédié à Sa Majesté l’Impératrice Marie Alexandrovna. 200 planches héliographiques par Richebourg
Palais de Tsarskoé-Sélo. Salon chinois. Tome I, planche 15
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À l’automne 1858, Théophile Gautier, après avoir mis ses affaires en ordre, part pour un voyage de plusieurs mois en Russie. Au-delà de la nécessité, récurrente chez lui, de voyager, il s’agit de réunir les éléments d’un ambitieux ouvrage, les Trésors d’art de la Russie ancienne et moderne. Après la signature en mars 1856 du traité de Paris, qui mettait fin à la guerre de Crimée, la Russie est devenue à la mode. Entre la noblesse russe tenant salon à Paris et la cour de Napoléon III, les liens familiaux sont nombreux. L’ambassade extraordinaire du duc de Morny, demi-frère de l’empereur, auprès du nouvel empereur, Nicolas II, contribue à resserrer les liens, surtout lorsque le duc revient en 1857 marié avec la belle Sophie Troubetskoï. En partant, Gautier est sûr que les chroniques de ses aventures rencontreront la curiosité d’un large public.
Il arrive à Saint-Pétersbourg en octobre et commence à travailler à son livre, qui doit être illustré de photographies de Richebourg. L’ensemble doit rassembler, outre ses textes, deux cents photographies. Le coût très élevé de l’entreprise, quarante mille francs, est assumé par une société montée par le libraire russe Carolus Van Raay, qui promet en outre une généreuse souscription de l’empereur Nicolas II.
Mais ces auspices aussi prestigieux que favorables laissent place rapidement à des difficultés matérielles. Richebourg, au grand agacement de Gautier, tarde à arriver. Il n’est à Saint-Pétersbourg qu’en décembre : « Richebourg est enfin arrivé, poursuivi par les loups mais pas trop dévoré » ; « Ses bagages sont arrivés assez fracassés quelque temps après lui et nous ont coûté 4 000 et quelques francs de port. » Les disputes entre le photographe et Van Raay éclatent immédiatement et ne font que « croître et enlaidir », retardant encore le projet.
Richebourg commence par photographier l’église Saint-Isaac : dessinée par l’architecte français Ricard de Montferrand, elle venait d’être achevée après quarante ans de travaux. Les débuts sont difficiles et « les tâtonnements de Saint-Isaac" » auxquels fait allusion le fils de Gautier en juillet 1859 évoquent des problèmes techniques, expliqués dans La Lumière : « On doit à un artiste français, M. Richebourg, une découverte qui intéresse vivement l’art photographique. Il a trouvé un moyen d’obtenir verticalement des vues de coupoles, de plafonds, de voûtes, etc. d’une grande précision géométrique et d’un effet qu’on n’avait pas réalisé jusqu’à ce jour. C’est ainsi qu’il a amené d’un seul coup l’immense composition que l’artiste russe Bruloff a peinte sur la coupole de Saint-Isaac, à Saint-Pétersbourg. » Gautier, pressé et sans doute peu sensible à ces prouesses, attend avec impatience ses planches. Mais il doit rentrer à Paris à la fin du mois de mars 1859.
La première livraison paraît finalement au printemps 1859. Elle est présentée à l’empereur Nicolas II et une souscription de dix mille roubles est alors promise. À l’éditeur russe, Gautier a adjoint le Parisien Gide, qui continuera seul à partir de janvier 1860. Comme le rapporte dans La Lumière, la publication, qui devait se poursuivre sur deux ans et demi, réservait encore bien des merveilles, en particulier des vues de Moscou.
Le programme s’enlise : Richebourg, resté seul, se débat dans les problèmes d’argent et d’intendance. Il quitte finalement la Russie à l’automne 1859 : « La saison de M. Richebourg est à peu près finie ; il va partir dans quinze jours ou trois semaines, emportant à Paris les clichés de quatre livraisons, douze planches de Tsarskoe-Selo, douze de l’Arsenal, douze du palais de la grande-duchesse Marie, et les douze premières de l’Ermitage. »
Gautier est obligé de revenir à Saint-Pétersbourg en août 1861 pour recueillir les subsides nécessaires à la suite de la publication : cinq livraisons sont alors composées à Paris, soit presque la moitié de ce qui était initialement prévu. Il écrit à Gide : « Avec son inexplicable lenteur Richebourg nous assassine absolument, que voulez-vous que je présente à l’empereur ? [...] Sérieusement, sans exemplaires mon voyage est inutile et l’affaire, excellente d’abord, finirait par s’en aller sur les brouillards de la Néva. »
C’est ce qui arriva : la publication s’arrêta aux soixante planches de Saint-Pétersbourg.

© Biliothèque nationale de France

  • Date
    1859
  • Auteur(es)
    Pierre-Ambroise Richebourg
  • Description technique
    Paris, Gide, 1859-1861
    60 épreuves sur papier albuminé d’après négatif sur verre au collodion
    Tome I : 30 p., 12 pl. ; 19 p., 15 pl. - Tome II : 34 p., 14 pl. ; 24 p., 14 pl. ; 5 p., 5 pl.
    Demi-reliure en maroquin rouge. Dos frappé au chiffre couronné
    Cachet : « Bibliothèque de la Couronne, Compiègne » ; n° d’inventaire1586 (biffé), 7638 ; don du ministère de l’Instruction publique (9 janvier 1890, n° 55586, provenance de l’ancienne bibliothèque de Compiègne
  • Provenance

    Bibliothèque nationale de France, Département des Estampes et de la Photographie, Vg 170 a et b grand folio Réserve

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm408200118r