Lettres… Premiere partie
Antoine Gombault, chevalier de Méré
Paris, Denis Thierry et Claude Barbin, 1682.
2 volumes, pagination continue (710 p.) ; in-12
Bibliothèque nationale de France, bibliothèque de l'Arsenal, 8o BL-31731 (1)
© Bibliothèque nationale de France
Homme « à la mode », arbitre des élégances du goût et de l’esprit dans les salons mondains, le chevalier de Méré (1607-1684) s’est fait, dans ses Discours et dans ses Lettres, le théoricien de l’art de plaire qui est au coeur de l’idéal social de l’« honnête homme ». Pascal fit sa connaissance dans l’entourage du duc de Roannez, très probablement en 1653. C’est à lui, qui était grand joueur, que Pascal doit de s’être intéressé au calcul des probabilités : il est « celui qui m’a proposé ces questions », écrit-il le 29 juillet 1654 à Pierre de Fermat. Il ajoute dans la même lettre que Méré « a très bon esprit, mais il n’est pas géomètre. […] Et même il ne comprend pas qu’une ligne mathématique soit divisible à l’infini et croit fort bien entendre qu’elle est composée de points en nombre fini, et jamais je n’ai pu l’en tirer ». La place que la question de la divisibilité à l’infini a occupée dans les échanges entre Méré et Pascal est également attestée par une lettre adressée à ce dernier, publiée beaucoup plus tard dans le recueil des Lettres du chevalier, en 1682 (lettre XIX) : lettre fictive de l’avis de Jean Mesnard, composée entre 1679 et 1682, mais qui s’appuie sur le souvenir d’un débat réel. Il apparaît ainsi que les conversations entre Pascal et Méré portaient sur des questions inscrites à la frontière des mathématiques et de la philosophie, que ce soit celle du hasard ou celle de l’infini. Et il apparaît aussi que le commerce du « bon esprit » qu’était Méré a certainement contribué à la distinction fameuse que Pascal établira dans les Pensées entre « esprit de finesse » et « esprit de géométrie » : Méré est l’exemple même de ces « esprits fins [qui] ne sont pas géomètres [parce] qu’ils ne peuvent du tout se tourner vers les principes de géométrie » (S. 670).
 
 

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