« Pensées sur l’honnêteté », « Description de l’honnête homme » et « Avis et pensées sur plusieurs sujets »
Damien Mitton
Saint-Évremond, Œuvres meslées… Sixiesme partie, Paris, Claude Barbin, 1680.
In-12 
Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-20484 (2)
© Bibliothèque nationale de France
Une lettre du chevalier de Méré à Damien Mitton (1618-1690) a permis de restituer à celui-ci la paternité des trois chapitres intitulés « Pensées sur l’honnêteté », « Description de l’honnête homme » et « Avis et pensées sur plusieurs sujets » publiés dans la sixième partie des Œuvres mêlées de Saint-Évremond. Pascal connut Mitton dans l’entourage du duc de Roannez en même temps sans doute que Méré, avec lequel il est l’un des meilleurs représentants de l’idéal de l’« honnête homme » aux yeux de ses contemporains. Le dialogue avec Mitton a été pour Pascal l’occasion d’une réflexion critique sur sa philosophie sociale du bonheur, philosophie du « moi » aimable, dont témoigne l’un des plus célèbres fragments des Pensées : « Le moi est haïssable. Vous, Mitton, le couvrez, vous ne l’ôtez point pour cela : vous êtes donc toujours haïssable » (S. 494), phrases qui prennent tout leur sens à la lecture du début des « Pensées sur l’honnêteté » de l’interpelé : « Pour se rendre heureux avec moins de peine, et pour l’être avec sûreté, sans craindre d’être troublé dans son bonheur, il faut faire en sorte que les autres le soient avec nous : car si l’on prétend songer seulement à soi, on trouve des oppositions continuelles, et quand nous ne voulons être heureux, qu’à condition que les autres le soient en même temps, tous les obstacles sont levés, et tout le monde nous prête la main. C’est ce ménagement de bonheur pour nous et pour les autres, que l’on doit appeler l’Honnêteté, qui n’est, à le bien prendre, que l’amour propre bien réglé. »
 
 

> partager
 
 

 
 

 
> copier l'aperçu