S’il refusait la thèse du vide pour rendre compte de l’espace libéré en haut du tube de l’expérience du vif-argent, Descartes était en revanche partisan déclaré de celle de la pression atmosphérique pour expliquer la suspension du mercure à une hauteur donnée. Dans une lettre du 13 décembre 1647, il écrivait à Mersenne : « J’avais averti M. Pascal d’expérimenter si le vif-argent montait aussi haut lorsqu’on est au-dessus d’une montagne que lorsqu’on est tout en bas ; je ne sais si il l’aura fait. » Ainsi le mérite d’avoir imaginé l’expérience du puy de Dôme reviendrait à Descartes, qui en aurait soufflé l’idée à Pascal lors de leurs entretiens de septembre 1647. Cette lettre ne fut pas publiée, mais en 1667, le troisième tome de la correspondance de Descartes incluait une lettre du 17 août 1649 à Pierre de Carcavy, où, après avoir eu vent du contenu du Récit de la grande expérience de l’équilibre des liqueurs, Descartes revenait à la charge : « Je vous prie de m’apprendre le succès d’une expérience qu’on m’a dit que Monsieur Pascal avait faite ou fait faire sur les montagnes d’Auvergne, pour savoir si le vif-argent monte plus haut dans le tuyau étant au pied de la montagne, et de combien il monte plus haut qu’au-dessus. J’aurais droit d’attendre cela de lui plutôt que de vous, parce que c’est moi qui l’ai avisé, il y a deux ans, de faire cette expérience, et qui l’ai assuré que, bien que je ne l’eusse pas faite, je ne doutais point du succès. » Cette querelle d’antériorité est très difficile à trancher. En revanche, il demeure certain que Pascal a été le premier à faire réaliser l’expérience, fondant la certitude de la connaissance scientifique non sur des principes mais sur une évidence observable. Exemplaire de Pierre-Daniel Huet, qui a relevé dans les lettres de Descartes toutes les mentions du nom de Pascal et les a soulignées d’un trait marginal.