Cornelius Jansenius, Augustinus…
Louvain, Jacob Zeger, 1640.
Bibliothèque nationale de France, Réserve des livres rares, RÉS-D-312 (1)
© Bibliothèque nationale de France
Avant d’être nommé évêque d’Ypres, Cornelius Jansénius (1585-1638) enseigna la théologie à l’université de Louvain, bastion de l’augustinisme. Héritier de Baius et fervent défenseur de ses positions, il rédigea, entre la fin des années 1620 et 1636 environ, une synthèse de la doctrine augustinienne de la grâce qui présente de manière systématique la pensée que saint Augustin avait disséminée dans de multiples œuvres. Le livre ne fut pas publié par Jansénius lui-même, emporté par la peste en 1638, mais par ses disciples. L’édition originale parut à Louvain en 1640, munie d’un frontispice où s’exprime l’esprit de combat qui préside à l’ouvrage : saint Augustin, tenant dans la main gauche son cœur enflammé par l’amour divin, foule aux pieds l’hérésiarque Pélage et ses disciples Cælestius et Julien, pour qui la nature humaine n’a pas été corrompue par le péché d’Adam et peut incliner au bien sans le secours de la grâce. Autour du centre que forme le père de l’Église sont disposés en cercle le pape Innocent Ier, qui prononça en 417 la première condamnation du pélagianisme, et ses trois successeurs immédiats qui la renouvelèrent, Zosime, Boniface et Célestin : cohorte de papes de la primitive Église qui illustre par sa seule disposition l’adage Ubi est Augustinus, ibi est Ecclesia (« là où est saint Augustin, là est l’Église »). Aux yeux de Jansénius et des théologiens augustiniens de Louvain, le molinisme n’était autre qu’un néo- ou semi-pélagianisme, contraire à la vraie et invariable doctrine de l’Église. Le livre de Jansénius fut édité dès 1641 en France. Il est certain que Pascal en prit connaissance bien avant de s’engager dans la campagne des Provinciales, dès sa « première conversion »  : non seulement on décèle des traces de sa lecture dans le projet de préface du Traité sur le vide rédigé au plus tard en 1651, mais en 1647 déjà, au moment de l’affaire Saint-Ange, Pascal et ses amis Auzoult et Hallé de Monflaines s’enquièrent de l’avis de leur interlocuteur sur les thèses de Jansénius.
 
 

> partager
 
 
 

 
> copier l'aperçu