Antoine Arnauld, De la frequente communion
Paris, Antoine Vitré, 1643.
Bibliothèque nationale de France, Réserve des livres rares, D-6291
© Bibliothèque nationale de France
« Converti » en 1638, Antoine Arnauld (1612-1694) se plaça sous la conduite de Saint-Cyran, dont il devint le plus brillant des disciples. Lié de très longue date à Jansénius et partageant ses positions doctrinales, Saint-Cyran invita Arnauld à prendre la défense de l’Augustinus. Celui-ci publia ainsi, en 1644 et 1645, deux Apologies pour M. Jansénius qui rencontrèrent un grand succès. Mais son ouvrage le plus retentissant fut son traité De la fréquente communion, dont la première édition parut en 1643. Dans l’ouvrage lui-même, le premier qu’il publiât, Arnauld défendait comme une pratique de la primitive Église la méthode de conversion prônée par Saint-Cyran, qui consistait à n’administrer le sacrement de la communion au pénitent chrétien qu’avec délai, afin que sa privation avive en lui le désir d’une vraie transformation intérieure, dans un esprit pleinement augustinien où la vie chrétienne ne pouvait s’accommoder d’un incessant mélange du péché et de la grâce.
Le traité d’Arnauld suscita une vive polémique : de même qu’il réfutait les avis d’un jésuite, le P. de Sesmaisons, il fut à son tour en butte aux attaques des jésuites. Au-delà de cette querelle, l’écho que cette œuvre théologique rencontra auprès d’un public beaucoup plus large que le milieu universitaire des théologiens fait de sa publication un épisode essentiel dans la préparation du conflit des Provinciales.
La sixième édition du traité De la fréquente communion sera ornée d’un frontispice de François de Poilly d’après Philippe de Champaigne, qui représente la parabole du roi ordonnant de jeter dans les ténèbres le convive venu au banquet sans l’habit de noces, « car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » (Matthieu, 22, 13-14).
 
 

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