[Noël de Lalane], Distinction abregée des cinq propositions qui regardent la matiere de la grâce…
...Où l’on voit clairement en trois colonnes les divers sens que ces propositions peuvent recevoir : et les sentimens, des Calvinistes et des Luthériens ; des Pelagiens et des Molinistes ; de saint Augustin et de ses disciples
[Paris, s. n.], 1653.
Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-LD4-185
© Bibliothèque nationale de France
L’affaire de la Sorbonne fut portée d’abord devant le pape Innocent X par les partisans de Nicolas Cornet, qui demandèrent une condamnation pontificale des cinq premières propositions qu’il avait présentées à la faculté de théologie en juillet 1649. Les augustiniens réagirent sans tarder, et chacun défendit ses positions à coup de libelles produits en grand nombre. La Distinction abrégée des cinq propositions qui regardent la matière de la grâce est le plus important de ceux qui soutiennent Jansénius. Principalement rédigé par le docteur de Sorbonne Noël de Lalane mais signé conjointement avec ses confrères Toussaint Desmares, Louis Gorin de Saint-Amour, Nicolas Manessier et Louis Angran, il doit à sa présentation particulière d’être resté connu sous le titre d’Écrit à trois colonnes : pour chacune des cinq propositions, il juxtapose l’interprétation hérétique des protestants, l’interprétation hérétique des pélagiens auxquels sont assimilés les molinistes, et, placée au centre, l’interprétation augustinienne, définie comme seule orthodoxe. Le procédé du triple parallèle, qui renvoie dos à dos les erreurs des calvinistes et des molinistes pour mieux mettre en lumière la pureté de la doctrine augustinienne, sera réutilisé par Pascal tant dans les Écrits sur la grâce que dans le Cinquième Écrit des Curés de Paris. L’exposition en colonnes est un procédé qu’utilisa également Antoine Arnauld en 1656 dans son Apologeticus alter et dans sa Vera sancti Thomæ Doctrina de gratia sufficiente et efficaci. Le premier de ces deux textes est signalé pour cette raison dans la troisième Provinciale : « Cependant M. Arnauld fait ses apologies, où il donne en plusieurs colonnes sa proposition et les passages des Pères d’où il l’a prise, pour en faire paraître la conformité aux moins clairvoyants ».
 
 

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