Étienne Bauny, Somme des pechez qui se commettent en tous estats, de leurs conditions et qualitez…
Paris, Michel Soly, 1635.
Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, D-13754
© Bibliothèque nationale de France
Une fois exposée « la doctrine des opinions probables », il restait à Pascal à en montrer tous les tours et les détours – « car les opinions probables vont toujours en mûrissant », dira la douzième Provinciale. C’est à quoi lui servent, entre autres ouvrages, les livres du jésuite Étienne Bauny (1564-1649), que la sixième Provinciale décrit comme un orfèvre en matière de probabilisme : « La difficulté était de trouver de la probabilité dans le contraire des opinions qui sont manifestement bonnes, et c’est ce qui n’appartient qu’aux grands personnages. Le P. Bauny y excelle ». Parmi ses œuvres, la Somme des péchés est l’une des cibles privilégiées de Pascal : il y a puisé nombre d’exemples d’un laxisme moral propre à scandaliser ses contemporains, sur des questions telles que le vol, l’usure, les relations sexuelles, la conduite des prêtres. En présentant Bauny, auteur de toute sorte de « grandes maximes », comme l’une des principales autorités dont se réclame le jésuite avec lequel le narrateur s’entretient de la cinquième à la dixième Provinciale, Pascal faisait un choix très tactique : car la Somme des péchés a été censurée par Rome dès 1640, avec deux autres ouvrages du même auteur, et sa condamnation reprise l’année suivante en France par l’Assemblée du clergé comme par la Faculté de théologie.
 
 

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