[Blaise Pascal], Les Provinciales ou les lettres escrites par Louis de Montalte, à un provincial de ses amis, & aux RR. PP. Jesuites : sur le sujet de la morale, & de la politique de ces peres
Cologne, Pierre de la Vallée, 1657.
Bibliothèque nationale de France, Réserve des livres rares, D-4045 (1)
© Bibliothèque nationale de France
La publication de l’ensemble des dix-huit Provinciales n’était pas achevée quand on commença de les réunir en volumes dont l’unité était assurée par une page de titre commune et un avertissement liminaire, rédigé par Pierre Nicole, placés en tête du recueil d’exemplaires dépareillés des éditions séparées des libelles : moment très important dans la réception des Provinciales comme œuvre et non plus comme suite d’écrits de combats dont la signification s’épuiserait dans les circonstances pour lesquelles ils avaient été conçus. Ce qu’impliquait cette nouvelle unité matérielle était mieux encore déclaré par l’apparition d’un nom d’auteur sur la page de titre : celui de Louis de Montalte, pseudonyme dont Pascal jouera ultérieurement par variation anagrammatique pour se désigner du nom d’Amos Dettonville dans ses lettres de 1659 sur la cycloïde, de celui de Salomon de Tultie dans les Pensées. Auparavant, seule la troisième Provinciale avait été munie d’une signature cryptée, ainsi formulée dans la mention finale : « Votre très humble et très obéissant serviteur E.A.A.B.P.A.F.D.E.P. ». Si la suite de ces initiales signifie très certainement « et ancien ami Blaise Pascal Auvergnat fils d’Étienne Pascal », elle n’avait pas permis d’identifier nettement l’auteur au moment de la publication : le nom d’Antoine Arnauld était le plus souvent proposé, et même si des rumeurs répandirent assez tôt celui de Pascal, l’incertitude demeura durablement, à laquelle l’apparition du pseudonyme de Louis de Montalte ne mit pas immédiatement fin.
Ce n’est qu’en 1659 que le nom de Pascal fut publiquement avancé, par le jésuite Honoré Fabri dans ses Notæ in Notas W. Wendrockii où était dénoncé ce « sycophante », « prince de la faction janséniste ». Dans une première version, l’avertissement n’annonçait que dix-sept lettres. Il fut donc révisé un peu plus tard pour annoncer les dix-huit lettres, en même temps que la page de titre était légèrement remaniée, tout en gardant une adresse fictive au nom de Pierre de La Vallée à Cologne. Cela laisse entendre que les premiers recueils de cette sorte ont été réalisés entre la mi-février 1657, date de diffusion de la dix-septième lettre, et le début du mois de mai, quand la dix-huitième fut mise en circulation.
Cet exemplaire de première version – toutefois complété, comme toujours, de la dix-huitième lettre –, a appartenu au docteur de Sorbonne Jean-Baptiste Chassebras († 1691). Nommé vicaire général du diocèse de Paris par le cardinal de Retz en 1655, il dut renoncer à cette charge face à l’opposition de Mazarin, à qui il était suspect tant pour ses convictions jansénistes que pour ses liens avec le Frondeur Retz. Beaucoup plus tard, en 1684, le duc de Roannez tenta vainement de le faire nommer supérieur des religieuses de Port-Royal.
 
 

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