Ex-voto de Marguerite Périer
François II Quesnel (?), 1657
Huile sur toile
© Église de Linas (Essonne)
Troisième enfant de Florin et Gilberte Périer, filleule de Pascal, Marguerite Périer (1646-1733) fut mise en pension à Port-Royal de Paris en janvier 1654. Elle souffrait depuis l’année précédente d’une grave affection ophtalmique, décrite comme une « fistule lacrymale ». Le mal empirant, on s’apprêtait à une opération chirurgicale quand, le 24 mars 1656, l’enfant se déclara guérie après avoir appliqué son œil contre un reliquaire contenant un éclat de la couronne d’épines du Christ. Dans les semaines qui suivirent, les différents médecins consultés jugèrent la guérison miraculeuse : il n’y eut guère que Guy Patin, ancien doyen de la Faculté de médecine de Paris, pour mettre en doute le témoignage de « ces approbateurs de miracles », les uns trop liés à Port-Royal pour n’être pas de parti-pris, les autres simples « chirurgiens barbiers, […] des laquais revêtus et bottés et qui n’ont jamais étudié » (lettre du 7 novembre 1656 à Charles Spon). Cet événement eut un retentissement considérable auprès du parrain de la jeune miraculée. Selon le témoignage de Gilberte Périer dans sa Vie de Pascal, il en éprouva une certitude et une joie renouvelant celles du Mémorial : « Mon frère fut sensiblement touché de cette grâce, qu’il regardait comme faite à lui-même, puisque c’était sur une personne qui, outre la proximité, était encore sa fille spirituelle dans le baptême ; et sa consolation fut extrême de voir que Dieu se manifestait si clairement dans un temps où la foi paraissait comme éteinte dans les cœurs de la plupart du monde. La joie qu’il en eut fut si grande qu’il en était pénétré ; de sorte qu’en ayant l’esprit tout occupé, Dieu lui inspira une infinité de pensées admirables sur les miracles qui, lui donnant de nouvelles lumières sur la religion, redoublèrent l’amour et le respect qu’il avait toujours eus pour elle. Et ce fut l’occasion qui fit naître cet extrême désir qu’il avait de travailler à réfuter les principaux et les plus forts raisonnements des athées. » On doit ainsi rapporter au miracle de la sainte Épine le premier projet des Pensées.
Le souvenir de la journée du 24 mars 1656 a été conservé par la peinture d’ex-voto qui représente la petite Marguerite Périer agenouillée au pied d’un autel où est exposé le reliquaire de la sainte Épine. Dans une lettre du 6 février 1657, le sieur de Saint-Gilles – l’homme qui supervisait au même moment l’impression des Provinciales – annonçait à Florin Périer que le tableau de sa fille était achevé et faisait « dans la chambre de M. Singlin, l’admiration de tout le monde ; car elle y est représentée devant le saint reliquaire dans une posture respectueuse, mais si naturelle, mais qui lui ressemble si fort, qu’il ne se peut mieux ». On connaît à cette toile un pendant, qui représente dans une attitude identique Claude Baudrand, pensionnaire de Port-Royal qui aurait été semblablement guérie de ses infirmités par l’opération de la relique en mai 1657. Ces deux toiles, pour lesquelles Bernard Dorival a proposé une attribution à François II Quesnel, étaient accrochées à la grille du chœur de Port-Royal de Paris. Passées au début du XIXe siècle chez un prêtre parisien du nom de Bordes, vicaire de la très janséniste église Saint- Séverin, elles revinrent en 1840 à la Société Saint-Augustin, ancêtre de l’actuelle Société de Port-Royal. Son président, Gaspard Camet de la Bonnardière, propriétaire du domaine de la Roue à Linas, les légua en 1842 à cette paroisse.
 
 

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