La Mise au tombeau
Rembrandt, 1654
Eau-forte, pointe sèche et burin, 4e état
Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie, RÉS CB-13A-BOITE
© Bibliothèque nationale de France
Parmi les méditations de Pascal sur la vie de Jésus-Christ, celle qui s’intitule « Sépulcre de Jésus-Christ » (S. 467) est aussi brève que saisissante, présentant le mystère de la mise au tombeau comme l’ultime accomplissement du verset d’Isaïe qui affirme la vérité d’un Dieu qui se cache : « Jésus-Christ était mort, mais vu sur la croix. Il est mort et caché dans le sépulcre. Jésus-Christ n’a été enseveli que par des saints. Jésus-Christ n’a fait aucun miracle au sépulcre. Il n’y a que des saints qui y entrent. C’est là où Jésus-Christ prend une vie nouvelle, non sur la croix. C’est le dernier mystère de la Passion et de la Rédemption. »
Louis Marin (1995) a rapproché de cette méditation la gravure de la Mise au tombeau de Rembrandt dans son quatrième et dernier état. Après avoir, d’état en état, assombri la scène jusqu’à la plonger dans une noirceur presque complète, l’artiste ménage tout à coup une clarté au milieu de cette obscurité, qui paraît émaner du corps mort du Christ et baigne les visages des saints descendus au tombeau : « Il ne reste plus qu’une lueur qui rayonne du suaire et se réfléchit sur les visages, cependant que l’ombre a déjà gagné la tête du Christ. Poignante entrée dans la nuit du sépulcre dans laquelle Rembrandt conduit notre œil pour l’abandonner à cette extrême limite au-delà de laquelle il n’y aura plus de regard. Épreuve du désespoir d’une complète déréliction, à moins de penser que cette douloureuse extinction de la lumière dans la mort, cette abnégation, cet anéantissement ne soient les gages ultimes et comme les preuves décisives d’une renaissance. »
 
 

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