On connaît au XVII
e siècle plusieurs exemples de la pratique consistant à « jeter en plâtre » le visage d’un mort, c’est-à-dire à en prendre un moulage. Elle bénéficia d’une réelle faveur dans le milieu de Port-Royal où, dès 1643, Claude Lancelot, l’un des premiers « Solitaires » retirés aux Granges du monastère des Champs, fit prendre une empreinte du visage de Saint-Cyran afin qu’on en tirât des portraits posthumes. C’est aussi à partir d’un moulage post mortem que Philippe de Champaigne exécuta le portrait d’Antoine Le Maistre (1608-1658), frère aîné de Le Maistre de Sacy et initiateur du mouvement des Solitaires. On connaît de même un masque mortuaire de la mère Angélique Arnauld (1591-1661) et, plus tard, celui de Pierre Nicole fut réalisé par le sculpteur Coysevox. Il n’est donc pas surprenant que la famille de Pascal ait fait réaliser une empreinte de son visage sur son lit de mort afin que le peintre François Quesnel pût en tirer un
portrait.
On ne sait rien du sort que ce masque mortuaire connut jusqu’à la fin du XVIII
e siècle, quand il apparut dans la collection du graveur en médailles Benjamin Duvivier († 1819), aux sympathies jansénistes. Il demeura dès lors entre les mains de fidèles du mouvement janséniste : d’abord propriété de l’abbé Soucley, il passa en 1836 à Noël Ravisé, qui le confia à la Société Saint-Augustin dont il était le secrétaire. Il devait revenir à son petit-cousin, Augustin Gazier, bibliothécaire de cette même Société, de le faire connaître à la fin du XIX
e siècle. Avec le recul du temps, cet objet s’enrichit d’une dimension symbolique qui en fait, autant qu’une empreinte du corps de Pascal, un emblème de son œuvre. Souvent inachevée, en partie perdue par cet inachèvement même, en partie connue par des copies d’une fidélité inégale et des reconstitutions difficiles, elle est elle-même une réalité qui ne se laisse percevoir que par la production d’une image : portrait qui, comme tel, « porte absence et présence » (S. 291).