Dégagée de son carcan documentaire, la photographie assume dans les années 2010 sa dimension fictionnelle et devient le lieu d’une véritable mise en récit. La flânerie, l’instinct ou l’intuition poétique occupent le devant de la scène.
L’initiative la plus emblématique de la décennie revient au projet de France(s) Territoire Liquide. Autour d’un noyau de quatre photographes marqués par l’héritage des grandes commandes publiques, et notamment celle de la DATAR, un collectif se forme et s’étoffe peu à peu jusqu’à compter 43 photographes parcourant librement le pays, mus par une volonté commune d’interroger les limites physiques et conceptuelles du territoire autant que de la pratique photographique. France(s) Territoire Liquide se veut un véritable laboratoire, favorisant l’expérience visuelle et les points de vue singuliers pour saisir un territoire « liquide » échappant à toute crispation identitaire. Volontairement décentré et privilégiant une approche sensible, leur propos interroge la plasticité de ce territoire en perpétuelle redéfinition.

Cette fluidité prend un tour tantôt touristique avec Jérôme Brézillon, tantôt migratoire avec Julien Chapsal, tandis que certains photographes comme Sophie Zénon réaffirment les liens unissant territoire, mémoire et construction de soi. Yann de Fareins ou Albin Millot interrogent directement les lignes de frontières et leurs enjeux. Tous révèlent qu’habiter le paysage est fondamentalement un dispositif mobile et transitif et combien sont multiples les façons d’ « être au paysage ». D’autres projets fédérateurs, comme la France vue d’ici, et nombre de photographes indépendants, dont les travaux sont aussi présentés ici, travaillent dans un esprit similaire.
La place dévolue à la nouvelle figure de l’habitant élève les hommes du statut de spectateurs à celui d’acteurs, citoyens de l’image et du paysage. Force est de constater que la pratique photographique du paysage se fragmente en autant de points de vue que d’auteurs et emprunte à d’autres formes de narration, allant du témoignage à la biographie en passant par la science-fiction. En résulte un rendu kaléidoscopique qui construit une vision définitivement contemporaine et éclatée du territoire français.

Minot-Gormezano

Messagers du ciel nº 2, 2009-2010

Émilie Vialet

A6 - A10, Massy-Palaiseau (Essonne), 2006

La présence de l’homme dans le paysage se lit d’abord comme une place à (re)conquérir dans une époque où l’activité humaine sur la Terre est entendue comme plus néfaste que bénéfique. Ainsi, l’entrée dans l’ère anthropocène se définit comme l’inscription de l’être dans son cadre de vie. Cette inscription peut être d'ordre cicatriciel lorsqu'Émilie Vialet contourne les piles de béton et arpente les « coulisses d’autoroutes » ou plus fusionnel lorsque l’homme se love dans la nature chez Minot-Gormezano.

Yann de Fareins

Entre Sommières (Gard) et Restinclières (Hérault), 27 avril 2013

Yann de Fareins

Le Col Saint-Pierre, entre Alès (Gard) et Florac (Lozère) par la corniche des Cévennes, 28 août 2011

Yann de Fareins

Entre Dourbies (Gard) et Saint-Jean-du-Bruel (Aveyron), 3 août 2011

Yann de Fareins dresse le constat de frontières présentes et lisibles sur l'asphalte, bien qu’immatérielles, entre les départements français.

Beatrix von Conta

Pont sur l’Hyères à Cognin (Savoie), 2012

Beatrix von Conta s’interroge sur la matérialisation du flux en évoquant les transports et voies fluviales. Dans la série « Flux », elle se concentre sur la capture d’un segment de la chaîne logistique de l'acheminement des marchandises : celui où un camion surmonte les obstacles naturels et traverse une rivière.

Beatrix von Conta

Luc-en-Diois, pont sur la Drôme au Saut de la Drôme, 2011

Ambroise Tézenas

Le Sacré-Cœur, 2013

Ambroise Tézenas

Moulin-Rouge, 2010

Ambroise Tézenas

Opéra Garnier, 2013

La capitale française devient parfois le lieu de la cristallisation du conflit entre archétypes et flux : ainsi, les travaux d’Ambroise Tézenas montrant les monuments parisiens immuables reprennent les codes de la photographie du XIXe siècle. Les passants contemporains y font figure d'éphémères apparitions.

Frédéric Delangle

Port de plaisance de l’Arsenal, Paris, 12e arrondissement, colorisé par Jim John Mathew

Frédéric Delangle

Porte Saint-Denis, Paris, 10e arrondissement, colorisé par Ashesh Josh

Frédéric Delangle propose, à l’heure de la mondialisation, de faire des lieux incontournables de Paris des zones phares acculturées par le biais d’un métissage avec la peinture indienne. Pour ce faire, il a demandé à des peintres indiens de coloriser ses tirages en noir et blanc de vues de Paris en y incrustant des publicités indiennes, des graffitis écrits en hindi.

Michel Houellebecq

Série « Before Landing », 2012-2014

Cherchant à déterminer ce qui peut provoquer en tout un chacun l’identification à un lieu, les travaux de certains photographes expriment la tension entre le terroir qui enracine et le creuset où les cultures se mélangent. « Produit France » réunit ainsi Michel Houellebecq qui interroge dans « Before landing » la muséification du paysage et Marc Lathuillière qui se joue des stéréotypes de la représentation dans son « Musée national », une série de portraits de français masqués.

Marc Lathuillière

La Notion de territoire. Raymond Zwingelstein, président, Association du musée du Jouet, Colmar (Haut-Rhin)

Albin Millot

Tripoint frontalier France-Espagne-Andorre (à l’ouest), pic de Médécourbe, commune d’Auzat (Ariège) – 42°36'12.45"N 1°26'33.83"E

Albin Millot

Point extrême sud de la France continentale, puig de Coma Negra, Lamanère (Pyrénées-Orientales) – 42°19'58.84"N 2°31'58.62"E

Albin Millot s’est intéressé aux frontières de la France, lesquelles semblent au début des années 2010 désuètes à l’heure de l’Europe et de la libre circulation. Pour rendre tangibles ces tracés politiques et expérimenter les limites du pays, il est allé aux extrêmes de la France. Constatant à quel point elles sont difficilement perceptibles, il a eu recours à des repères lumineux pour les matérialiser.

Jean-Philippe Carré-Mattei

Série « Topographie de la disparition. Corse », 2012

C’est une autre extrémité du monde, où le paysage familier disparaît pour se transformer en autre chose, que dévoile Jean-Philippe Carré-Mattei. Ses montages photographiques sombres de la Corse dépeignent le monde des Mazzeri, un monde où les humains adoptent les caractéristiques des animaux et où il est possible de pénétrer dans un espace interdit à la plupart des gens. C’est donc un espace-fiction que nous révèlent ses paysages, en matérialisant des récits qui les habitent.

Sophie Zénon

Série L’Homme-Paysage, Alexandre, Vosges, 2015

Sophie Zénon nous invite à une relecture de la notion d’héritage intégrant l’homme au paysage mais aussi le paysage à l’homme dans la série « L’Homme-Paysage ». En quête de ses racines, elle cherche dans ses installations et ses photomontages à retracer une histoire de l’immigration qui a nourri et enrichi l’identité française autour de l’effigie de son père, arrivé dans les Vosges.

Laura Henno

Série « Île de la Réunion », 2009-2012

Réalisée à l’occasion d’une résidence à l’île de La Réunion, cette série met en scène de jeunes migrants et évoque aussi l’histoire du marronnage, c’est-à-dire la fuite des esclaves hors de la propriété durant l’époque coloniale. Laura Henno construit ainsi des paysages dramatiques où passé et actualité se superposent et où l’extrême tension des personnages dans ce décor naturel renvoie à un contexte géopolitique plus vaste.

Julien Chapsal

Série « Calais », 2013

C’est aux mêmes flux humains que s’intéresse Julien Chapsal dans sa série « Calais », alors même qu’il prend le parti radical de les exclure de la représentation. Se concentrant sur l’espace, il nous montre les traces du passage des hommes sur ce territoire clôturé, contrôlé, surveillé, et pourtant sans cesse traversé, occupé, habité. La douceur des couleurs tranche tout aussi étrangement avec l’extrême violence de la situation.

Emmanuelle Blanc

Nº 2, altitude 2 330 m. Le mont de Grange, Haute-Savoie, massif du Chablais, 2011

Emmanuelle Blanc

Nº 6, altitude 1 790 m. Le mont de Grange, Haute-Savoie, massif du Chablais, 2011

Emmanuelle Blanc

Opéra Garnier, 2013

Abordant les Alpes par les sommets, la « Cartographie d’une extrême occupation humaine » que dresse Emmanuelle Blanc ne se révèle qu’aux regards attentifs. Dissimulés dans des vues aussi magistrales que sublimes faisant la part belle à la géométrie des strates géologiques, câbles, poteaux et autres installations de transmission électrique marquent l’impact humain sur les lieux. S’établit alors un curieux rapport de forces…

Jérôme Brézillon

Série « Paysages français », 2010

La série « Paysages français » de Jérôme Brézillon présente les lieux de villégiature préférés de français : bords de mers, de rivières, montagnes… un Jardin d’Eden perdu au sein duquel les hommes, tels des petits points dans cette immensité, semblent remis à leur juste échelle. Mais de subtils détails laissent cependant deviner une rupture d’équilibre.

Joffrey Pleignet

PR01 – prélèvement numéro 1

Joffrey Pleignet

PA01 – paysage numéro 1

Joffrey Pleignet

PR01 – prélèvement numéro 1

Joffrey Pleignet parcourt les paysages de moyenne montagne des Vosges et du Jura et y prélève des objets et éléments d’origines diverses : organique, végétale, humaine, industrielle… Ces prélèvements peuvent être considérés selon leur forme ou leur nature comme des reliques, souvenirs, traces, échantillons, totems, vanités… Leur confrontation avec des vues de la montagne dont ils sont issus suggère que les forces à l’œuvre dans l’évolution du paysage ne sont pas seulement humaines.

Geoffroy de Boismenu

Les Bancs – Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine), 2013

Certains photographes s’autorisent à prendre du recul face à un territoire désormais entendu comme une représentation à dépasser. Plus circonscrits et personnels, leurs paysages expriment alors une forme intime qui se nourrit de souvenirs ou révèle les questionnements et aspirations d’une génération en devenir. Ainsi Les Bancs de Geoffroy de Boismenu sont-ils accompagnés d'un fragment de méditation sur la mort.

Patrick Messina

Courte échelle 1 – Kerassel. Presqu’île de Rhuys (Morbihan)

Patrick Messina

Courte échelle 2 – Kerver. Presqu’île de Rhuys (Morbihan)

Les deux enfants de Patrick Messina grimpent et courent partout dans la série « Courte échelle ». Héritier de la douleur inhérente à l’exil que lui a transmise son père, qui implique de ne jamais vraiment se sentir chez soi, le photographe s’approprie enfin une part du territoire grâce à l’adhésion sans réserve de ses enfants à la Bretagne de leurs vacances. Il nous fait partager la joie et l’exubérance de cette exploration spontanée. Une grande pudeur, une douceur infinie émanent de ces images où le territoire sert de clé pour se réconcilier avec le monde.

Guillaume Martial

La Chambre photographique

Guillaume Martial

La Silhouette

D’étranges constructions aux usages insolites peuplent les clichés de Guillaume Martial où un petit personnage, que l’on devine être le photographe lui-même, se retrouve dans des situations incongrues. Les quinze clichés de la série « Parade » nous racontent non sans humour, l’aventure de l’homme tentant de s’approprier un environnement qui lui échappe, d’un homme qui cherche en vain sa place dans un monde toujours plus complexe jusqu’à en devenir absurde.

Elina Brotherus

L’Étang

Elina Brotherus

La Cure

En référence directe avec le romantisme et la peinture de Caspar David Friedrich, les images d’Elina Brotherus la montrent qui se mesure aux éléments, qui les éprouve, en allant au-devant de la puissance de la nature. Dans une nature sublimée, elle teste la nature liquide de son propre corps ainsi que celle du territoire.

Thierry Girard

Série « Arcadia revisitée »

« J’ai considéré très tôt que le paysage n’était pas indifférent, et qu’on ne pouvait surtout pas le réduire à la simple apparence de ce qui se présente à la vue, devant soi » confie Thierry Girard. Dans sa série « Arcadia revisitée », il part à la recherche du genius loci, le génie du lieu, et y décèle l’empreinte de l’art façonnant les territoires.

Pascal Amoyel

Margot, Mezien, 2014

Pascal Amoyel

Barrême, 2014

Se saisissant des contrastes entre le minéral, le végétal et l'humain, la série « Levés d’ouest » de Pascal Amoyel se veut à la fois lyrique et documentaire et constate à quel point les éléments peuvent être en harmonie. Les codes des genres du portrait et du paysage fusionnent afin de donner une meilleure appréhension du territoire traversé.

Florence Chevallier

Série « Éloge de la réalité. Amilly – Loiret – Centre », 2013

Partie à la rencontre « des paysages et des êtres singuliers des personnages de la vie simple », Florence Chevallier en a ramené un « Éloge de la réalité », « des portraits d’hommes et de femmes, d’enfants et d’adolescents croisés dans les rues, aux abords des grandes surfaces ou sur des chemins menant à la forêt, [...] des êtres et des lieux dont j’ai aimé rendre la beauté cachée. »

Aglaé Bory

Série « Au loin, nos paysages. Colmar – Alsace », 2011

C'est un sentiment de fragile équilibre qui domine dans la série « Au loin, nos paysages », d'Aglaé Bory. Entre la France et l’Allemagne, entre l’hiver et l’été, entre le rural et l’urbain, le pavillon et la tour, l’enfance et l’âge adulte… Revenue en Alsace, elle souligne une forme d’incertitude à travers des portraits d'adolescentes contemplant des paysages évanescents.

Cédric Delsaux

A40, Autoroute des Titans. Pays de Gex et alentours, 2012

Cédric Delsaux

Dernière station avant l’autoroute. Pays de Gex et alentours, 2012

Cédric Delsaux

Boucherie. Pays de Gex et alentours, 2013

Cédric Delsaux

La Petite Chaumière. Pays de Gex et alentours, 2013

Par le truchement du fait divers, Cédric Delsaux établit un nouveau récit photographique.
Dans « Zone de repli », il essaie d'imaginer l'univers de Jean-Claude Romand, cet homme qui s'est fait passer pour un médecin pendant des années avant d'assassiner toute sa famille. Il a donc parcouru le Pays de Gex à la recherche de ce que pouvait voir et ressentir cet homme qui passait ses journées sur la route. Dans ses images, l'on croit ressentir le piège se refermer sur lui et son mensonge.

Marion Gambin

Aire d’autoroute, France

Dans la série « Entre-deux lieux » Marion Gambin a cherché à révéler la puissance fictionnelle de ce territoire apparemment sans histoire qu’est celui du bitume, de l’autoroute, le « non-lieu » par excellence. Portraits et décors y alternent, le temps semble suspendu et de tous les personnages émane une sorte de présence-absence, si caractéristique des personnes en transit. Les poses et les lumières scénarisent ces lieux et les nimbent d’une poétique étrangeté, non sans emprunts à l’univers des films noirs.

Arno Gisinger

Série « Konstellation Benjamin » (en collaboration avec Nathalie Raoux), 2005-2009

Cette série, née de la collaboration entre Arno Gisinger et Nathalie Raoux, s’inspire du parcours du penseur allemand Walter Benjamin et de ses théories sur la perte de l’aura de l’œuvre à l’heure de sa reproductibilité technique. Elle mêle, sous la forme d’un palimpseste de temps et d’espace, des extraits de la correspondance de Benjamin traversant la France pour fuir la barbarie nazie et des photographies prises aujourd’hui des lieux qu’il a parcouru durant son exil de Berlin à PortBou. C’est dans cette ville que, désespéré de n’avoir obtenu son visa de sortie du territoire, il se donne la mort en 1940.

Alexandra Pouzet

Carte du tendre #5. Recyclerie industrielle – Saint-Pierre-des-Corps, 2014

Au sein du projet La France vue d’ici, défendant le rôle de la photographie documentaire dans la société, Alexandra Pouzet livre avec sa série « La Carte du tendre : enquête artistique sur le rapport affectif des habitants à leur(s) territoire(s) » des images d’une géographie intime à la croisée du document et de l'art conceptuel. Ses mises en scène restituent de manière poétique et décalée, voire comme ici franchement humoristique, les récits d’habitants des régions de son enfance, qu’elle collecte comme autant de cartes mentales curieusement géolocalisées.

Antoine Picard

Tuyau, L’Habitarelle (Gard), 2012

Antoine Picard

Grille, Saint-Jean-de-Védas (Hérault), 2012

C'est en regardant l'infra-ordinaire de Georges Perec que « Les Énoncés » d'Antoine Picard nous révèlent tout un art de vivre, une science marginale du bricolage, et bien souvent du rafistolage. Tel un inventaire de résistances infimes ou un répertoire d’interventions désintéressées, cette série rend hommage à une écologie spontanée face à un monde à l'équilibre précaire.

Guillaume Amat

Série « Open Fields », 2012-2013

Revendiquant une réflexion autant sur la notion de territoire en tant qu’espace que sur l’acte photographique lui-même, Guillaume Amat place au centre de ses paysages de la série « Open Fields » des miroirs dans lesquels se reflète le hors-champ qui leur fait face. Cette mise en abyme rend alors possible la lecture simultanée du décor et de son envers, qui se superposent de façon aussi poétique que parfois déroutante.

Alain Bublex

V2 circulaire secteur A23, 2013

La nécessité de pouvoir faire du territoire un lieu de projection des utopies, ouvre des perspectives où se redéfinissent conjointement l’homme et son espace de vie. C'est à une tentative de la sorte que se livre Alain Bublex en utilisant les études du Plan Voisin de Le Corbusier, ce projet fou qui visait à détruire entièrement et reconstruire le centre de Paris. Ceci aurait probablement abouti à une fort curieuse inversion du centre et de la périphérie de la capitale et les images qu'il nous en propose, un enchevêtrement de bretelles d'autoroute éclairées d'enseignes publicitaires, semblent directement issues des récits de science-fiction.

Thibault Brunet

Série « Typologie du virtuel », 2014-2016

La narration sur le territoire témoigne du hiatus existant entre l’espace réel et son expérience. Cet écart ouvre deux voies distinctes qui relèvent l’étrangeté dans le familier et font advenir des mondes inattendus : l’une poétique, l’autre virtuelle. C'est cette dernière dimension qu’investit Thibault Brunet avec sa « Typologie du virtuel ». Il y explore en effet le territoire français à l’aide du seul Google Earth dont on ignore souvent que les vues sont parfois la somme d’images envoyées par les habitants eux-mêmes. Isolant des bâtiments ainsi curieusement précis il y ajoute les ombres portées correspondant aux heures de leur réalisation et qu’il compare à un « nuage numérique ».

Claudia Imbert

All that is solid melts into air, 2013

Toutes ces approches placent le paysage sous le signe de la métamorphose et la photographie est dans tous ses états : fixe et mobile, sculpture et tirage, tout comme l’eau qui se présente à nous à l’état solide, liquide et gazeux. Ainsi, face à un territoire en perte de repères, la vidéo de Claudia Imbert, All that is solid melts into air, est une exploration de la ligne de partage entre image fixe et mouvante, et fonctionne comme un « rideau de fumée » : elle évoque certes la pollution, mais aussi l’évanescence des choses.

EN
Paysages français Une aventure photographique, 1984-2017