Yvon de Broca
Vision à 120 km/heure

1938
Tirage argentique.
Signé en bas à droite sous l’image, avec la mention : "Je voudrais tellement faire de la peinture comme je conduis une automobile, 130 à l’heure sans écraser personne", Francis Picabia, 1921
23 x 40 cm.
Don de l'auteur
Société française de photographie
© Yvon de Broca, DR

Le voyage en automobile fut, dans les années 1920-1930, un sujet de prédilection pour les photographes modernistes. En 1931, Germaine Krull, André Kertész, Emmanuel Sougez et Moï Ver illustrent La Route de Paris à la Méditerranée de Paul Morand. À la même époque, Man Ray, Anton Stankowski, ou Yvonne Chevalier photographient également depuis des voitures lancées à pleine allure. La photographie d'Yvon de Broca, Vision à 120 km/heure, qui fut exposée au XXXIIIe Salon international d'art photographique de Paris en 1938, s'inscrit pleinement dans cette tradition. Son tite rapelle même étonnament le 1 / 100e de seconde à 70km/h de Stankowski (1930) ou Le Pommier, 100 km/h de Chevalier (1929). Mais, à rebours de ces images qui célèbrent essentiellement la vitesse, de Broca semble davantage intéressé par la manière dont le voyageur s’intègre au paysage qu’il traverse. Par la multipication des effigies du conducteur et leurs superpositions à l'allée d'arbres qui borde la route, de Broca produit ce curieux effet de surimpression que décrira Paul Virilio quelques années plus tard, cette étrange sensation visuelle que l'on éprouve lorsque l'on voit son reflet "dans la vitre d'une portière de train ou d'automobile, traversée par le tumulte du paysage fuyant comme un trait".