Miroir Du latin populaire mirari, admirer.
I - Sens propre : Surface polie réfléchissant les choses et les êtres placés devant elle.
Le miroir a toujours exercé une fascination sur l'esprit humain. L'image qu'il renvoie est à la fois identique (bien qu'inversée) et, cependant, parfaitement illusoire. C'est aussi un lieu de passage vers des mondes imaginaires (...).
Le symbolisme du miroir se trouve déjà dans les mythes grecs. Ainsi dans le mythe de Narcisse, l'action du miroir (l'eau) est destructrice de l'être subjugué par son apparence. En Egypte, les miroirs étaient de véritables "objets parlants" grâce à leur forme (un disque légèrement aplati qui figurait le soleil) et au manche en forme de hiéroglyphe ; le miroir égyptien faisait ainsi apparaître celui qui s'y mirait, en tant qu'image du dieu-soleil Rê. (...)
Mais les miroirs, par certains procédés de fabrication, peuvent présenter à celui qui se regarde une image mensongère. Les miroirs déformants suscitent des faces grimaçantes et grotesques. (...)
Selon la forme de sa surface, l'éclairage et l'angle de réflexion, le miroir peut devenir une source de fantasmagorie. (...)
Le miroir peut aussi modifier l'espace, le démultiplier. En peinture, il peut rendre présent un personnage ou un objet situé en dehors du champ du tableau. L'exemple des Ménines de Vélasquez est bien connu.(...)
Les miroirs d'eau, surfaces d'eau pure que ne trouble aucun mouvement, font partie de l'art des jardins et des parcs. Ils suscitent un second ciel dans la profondeur des paysages inversés, et magnifient les féeries des fêtes nocturnes.
II - Sens figuré : Ce qui présente à l'esprit l'image, la ressemblance d'une chose.
Tant au propre qu'au figuré, dans le sens le plus général du terme miroir, tous ces exemples illustrent l'équivoque vérité - mensonge qui résume la singulière fonction esthétique de cet énigmatique objet, assez proche, en définitive, de celle même de l'art. (Souriau, p. 1013-1014)