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Extrait

« Un reporter au cœur de la guerre »

Le Monde Magazine

Sebastian Junger ne porte pas d’arme, bien sûr, règle élémentaire du journalisme, et cela fascine ses compagnons qu’il les refuse avec une telle obstination. Mais, muni d’un casque, d’un gilet pare-balles, de provision et de sa caméra (au total une trentaine de kilos, la moitié de ce que portent les soldats), il les suit dans toutes leurs missions, de jour comme de nuit, sur les pentes escarpées des montagnes, sous la mitraille des talibans toujours en embuscade, dans un Humvee [véhicule de transport militaire] sous lequel explose une bombe artisanale et où il manque de mourir, dans un hélicoptère de combat, ou une opération commando visant à reprendre une cache d’armes. […]

À 49 ans, Junger est bien plus âgé que la plupart des jeunes gens qu’il suit. Mais cet ancien athlète met un point d’honneur à ne pas retarder ni gêner le peloton, obsédé par la peur de mettre les autres en danger encore plus que par le péril même. Il filme sous la mitraille et prend des notes le soir. Sur cette étrange tribu de gamin qui redoutent l’ennui encore plus que le feu. Sur cet étrange métier où l’on défie la mort sans crainte de la donner.

Annick Cojean, Le Monde Magazine, 19 février 2011
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