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La Mise au tombeau
4e état

Série Scènes de la vie du Christ
La Mise au tombeau
4e état
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Des tailles obliques qui arrivent jusqu'en haut de la plaque ont été tracées du côté droit. Une des têtes de mort a été effacée.

Les différentes épreuves de cette Mise au tombeau sont très représentatives du travail de Rembrandt au milieu des années 1650 : elles témoignent de son intérêt pour l'expérimentation et l'exploitation maximale des différentes techniques de gravure, et des innombrables possibilités d'obtenir des images différentes à partir d'une même plaque selon l'encrage et le lavage. Enfin, sa compétence dans le choix, pour l'impression, des différents types de supports, y compris le parchemin, lui permet d'arriver à ce qu'une image paraisse unique par les effets de lumière et d'ombre, de chaleur des tons ou de brillance de l'image. Déjà en 1752, Gersaint avait noté que cette estampe présentait un intérêt majeur en raison de la variété de ses tirages.

Dans l'inventaire de Clément de Jonghe, on la cite sous l'intitulé L'Inhumation des morts selon l'Ancien Testament. La scène se passe à l'intérieur d'une énorme grotte où des hommes sont sur le point de déposer le corps du Christ dans une fosse très profonde et béante, avec l'aide d'un autre, descendu dans la fosse, qui le soutient par en-dessous. À leurs pieds, Joseph d'Arimathie et la Vierge Marie contemplent avec tristesse l'ensevelissement. Une figure vue de dos ferme la composition ; dans quelques exemplaires, cette figure semble tenir une lampe pour éclairer la scène. L'estampe a une force et une sobriété saisissantes.

La composition ne peut s'apprécier qu'au 1er état de la plaque, gravé à l'eau-forte car, à partir du 2e état, Rembrandt non seulement la recouvre d'un entrelacement de hachures d'une extrême finesse afin d'obtenir l'effet de clair-obscur, mais il commence ses expérimentations d'encrage, cachant parfois presque entièrement toutes les figures, les rendant très difficiles à distinguer.

Cet ensemble d'épreuves permet d'apprécier la variété d'images que Rembrandt obtenait en encrant la plaque de manière différente dans chaque cas. Celle du 1er état, gravée uniquement à l'eau-forte et tirée sur papier chine, montre la composition, claire et simple, et la façon dont l'artiste construisait la structure des formes à partir de lignes, pour la plupart parallèles, groupées afin de créer des taches de couleur. Dans cette image, on apprécie l'extraordinaire aisance avec laquelle le corps du Christ est dessiné.

Dans l'épreuve sur parchemin doré du 2e état de la plaque, Rembrandt réussit à concrétiser toute la douleur et le silence qui entourent un enterrement. La scène se passe dans une obscurité presque totale ; l'encre laissée sur la plaque a imprégné le parchemin, donnant une image très obscure, terriblement triste ; le corps du Christ resplendit faiblement, comme s'il s'éteignait, et sa lumière parvient à peine jusqu'aux personnages qui l'accompagnent.

 Au 3e état, sur papier européen, Rembrandt a également créé une image en pénombre, en ayant recours au retroussage. Il n'y a pas de source de lumière identifiable, mais le corps du Christ et ceux des autres personnages, y compris celui qui est dans la tombe pour soutenir le corps, sont visibles grâce à une lumière provenant sans doute d'une lampe que porte le personnage de dos, au premier plan. Une autre légère clarté, que l'on aperçoit par-derrière des arcs, au-delà des formes obscures, semi-circulaires, des têtes de mort, rompt la monotonie du fond.

L'épreuve du 4e état est très différente des précédentes. Une source de clarté qui provient de la partie inférieure du Christ illumine toutes les figures qui l'entourent et permet de voir la forme de la grotte. Il s'agit là d'une épreuve dans laquelle Rembrandt a recherché de forts contrastes entre le blanc du papier et le noir de l'encre.

Selon White, L'Ensevelissement est sans doute inspiré d'un dessin du Caravage, dont Rembrandt fit une copie, conservée au Teylers Museum de Harlem ; Ackley croit cependant qu'il s'est inspiré du dessin de Perino dal Vaga qui se trouve au Fogg Art Museum, Harvard University. Le dessin de Rembrandt qui est à l'origine de cette gravure se trouve actuellement à Berlin.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1654
  • Auteur(es)
    Rembrandt (1606-1669). Peintre, graveur et dessinateur
  • Description technique
    Quatre états
    Eau-forte pure, pointe sèche et burin. 211 x 161 mm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, Rés. Cb-13a

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmnk76spc80kw