Le dessin, un art méconnu

Bibliothèque nationale de France
Histoire de la vie du Christ : La Résurrection de Lazare
Les marguilliers de l’église Saint-Merri commandèrent à Maurice Dubout, tapissier de haute lisse, une tenture en douze pièces de la vie du Christ. En 1594, Henri IV la vit. Il n’en subsiste actuellement que deux fragments, l’un conservé au musée de Cluny, une tête de saint Paul, l’autre aux Gobelins, la tête du Christ et de six apôtres, de La Résurrection de Lazare. Dans le recueil, vingt-sept dessins ont été reliés au lieu des douze prévus pour la tenture. Il est probable que leur nombre ait facilité le choix des commanditaires. La plupart des dessins ont été mis au carreau pour être reportés sur les cartons. Ils portent des indications d’échelle et des essais de lavis dans les marges. Ils ont été utilisés comme instruments de travail, les contours ont été parfois repassés, et des empreintes digitales, des taches, se distinguent sur les bords. Des bandes de papier d’aspects différents ont été collées pour agrandir certaines feuilles. Ces marques font de ces œuvres des témoignages très significatifs de l’activité d’un atelier.
Ils ont été attribués à Lerambert par plusieurs historiens. Cependant ils ne semblent pas de la même main et, de plus, sont de qualité inégale. Deux techniques ont été utilisées, la sanguine et le lavis, ce dernier de couleurs variées, brun, bleu, mauve avec des rehauts de blanc. Peut-être ces dessins ont-ils été réalisés en plusieurs séries. Ils retracent, en vingt-six scènes, la vie du Christ. Le dernier dessin, Saint Paul devant un proconsul, n’appartient pas à la suite.
Sur l'injonction du Christ : « Lazare sors » (Jean 11, 44), celui-ci, encore dans son tombeau, mains et pieds liés de bandelettes, se soulève. Jésus ordonne qu'on le débarrasse de ses liens, ce qu'entreprend un disciple. Les sœurs de Lazare, Marthe à droite, et Marie agenouillée à gauche, sont présentes, mais contrairement à la représentation habituelle, Marthe ne se bouche pas le nez ; l'artiste a suivi en cela l'évangile de Jean. Le corps de Lazare, qu'un linceul à la texture légère, presque transparente, voile à peine, est remarquablement dessiné. La musculature en mouvement, la finesse des articulations, le visage expressif du ressuscité, contrastent avec la foule anonyme, immobile, où seules quelques personnes manifestent leur effroi, leur surprise, se bouchent le nez, évoquant ainsi la réflexion de Marthe : « Seigneur, il sent déjà : c'est le quatrième jour. »
Contrastant avec la composition très dense, à l'atmosphère tendue, le léger paysage qui occupe la partie gauche du dessin, avec les délicates silhouettes évanescentes, aère l'ensemble.
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Difficultés de l’inventaire
Les inventaires de plusieurs collections et les catalogues de dessins de très nombreux artistes restent à faire. La plupart des dessins, compte tenu de leur utilisation comme instruments de travail dans les ateliers, ne sont pas signés, et lorsqu’ils comportent un nom d’artiste, il est le plus souvent écrit par un collectionneur ou un marchand. Les longues recherches nécessaires pour identifier les auteurs, les projets, les thèmes parfois, la provenance des œuvres, leur localisation sont autant d’obstacles qui retardent considérablement les recherches. S’y ajoutent la conservation des dessins souvent collés sur un support qui ne permet pas de découvrir les éventuels filigranes, marques de collections, signatures, annotations, esquisses qui constituent de précieuses informations.

Histoire de la vie du Christ : Les Noces de Cana
Les marguilliers de l’église Saint-Merri commandèrent à Maurice Dubout, tapissier de haute lisse, une tenture en douze pièces de la vie du Christ. En 1594, Henri IV la vit. Il n’en subsiste actuellement que deux fragments, l’un conservé au musée de Cluny, une tête de saint Paul, l’autre aux Gobelins, la tête du Christ et de six apôtres, de La Résurrection de Lazare. Dans le recueil, vingt-sept dessins ont été reliés au lieu des douze prévus pour la tenture. Il est probable que leur nombre ait facilité le choix des commanditaires. La plupart des dessins ont été mis au carreau pour être reportés sur les cartons. Ils portent des indications d’échelle et des essais de lavis dans les marges. Ils ont été utilisés comme instruments de travail, les contours ont été parfois repassés, et des empreintes digitales, des taches, se distinguent sur les bords. Des bandes de papier d’aspects différents ont été collées pour agrandir certaines feuilles. Ces marques font de ces œuvres des témoignages très significatifs de l’activité d’un atelier.
Ils ont été attribués à Lerambert par plusieurs historiens. Cependant ils ne semblent pas de la même main et, de plus, sont de qualité inégale. Deux techniques ont été utilisées, la sanguine et le lavis, ce dernier de couleurs variées, brun, bleu, mauve avec des rehauts de blanc. Peut-être ces dessins ont-ils été réalisés en plusieurs séries. Ils retracent, en vingt-six scènes, la vie du Christ. Le dernier dessin, Saint Paul devant un proconsul, n’appartient pas à la suite.
Le miracle des Noces de Cana qui eut lieu en Galilée, relaté par l'évangéliste Jean (2, 1-11), est représenté par les artistes dès l'époque paléochrétienne. Marie apparaît dans cette scène vers la moitié du Ve siècle. Plusieurs interprétations ont été données par les théologiens. Ce serait la préfiguration de l'eucharistie, ou l'image du mariage du Christ avec son église, ou encore les six âges du monde précédant l'avènement du Christ symbolisés par les six jarres. Chacune d'elle représenterait un personnage biblique : Adam, Noé, Abraham, David, Jéchonias et Jean-Baptiste.
Lerambert, comme la plupart des artistes, a situé les noces dans un palais, où se déploie une vaste perspective de colonnades, d'arcades, de galeries à terrasses, d'une légèreté aérienne, animées d'allées et venues, d'ombres discrètes ; au premier plan d'une esplanade pavée, la table des noces est dressée. La mariée d'une beauté délicate, imprégnée de spiritualité, en occupe le centre, aux côtés de la Vierge qui a signalé à Jésus, le personnage principal, en face d'elle, que le vin manquait. Celui-ci, ayant ordonné aux serviteurs de remplir d'eau six jarres destinées aux purifications, les bénit. Le majordome, à gauche, goûte l'eau transformée en vin.
La composition architecturale très équilibrée, est symétrique par rapport à un axe central déterminé par une jarre, la mariée, la porte sur laquelle se détache une figure au fond. Cette symétrie est moins rigoureuse pour les personnages autour de la table où une légère agitation, provoquée par le miracle qui vient d'être découvert, règne à droite. C'est déjà le classicisme que l'on perçoit dans ce dessin élégant et raffiné.
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Prolifération des copies
Le travail dans les ateliers où les artistes avaient été souvent formés par un même maître, et s’activaient sous son influence, est également une cause de confusion. L’exécution nécessitait parfois des copies des dessins du maître pour disposer de plusieurs modèles. De plus, les apprentis s’exerçaient aussi en copiant des œuvres. Les grands décors ornementaux, les cycles peints, les entrées royales exigeaient de nombreuses études préparatoires. Un seul artiste pouvait reproduire les compositions de plusieurs maîtres afin de rendre plus homogène un ensemble de dessins pour une création monumentale. Peut-être en est-il ainsi pour les tentures d’Artémise ou celles de Saint-Merri. Lorsqu’il s’agissait de portraits de cour, les nécessités diplomatiques ou les demandes des amateurs avaient pour conséquences l’exécution de copies parfois par l’auteur même du portrait.

Histoire de la vie du Christ : La Résurrection
Les marguilliers de l’église Saint-Merri commandèrent à Maurice Dubout, tapissier de haute lisse, une tenture en douze pièces de la vie du Christ. En 1594, Henri IV la vit. Il n’en subsiste actuellement que deux fragments, l’un conservé au musée de Cluny, une tête de saint Paul, l’autre aux Gobelins, la tête du Christ et de six apôtres, de La Résurrection de Lazare. Dans le recueil, vingt-sept dessins ont été reliés au lieu des douze prévus pour la tenture. Il est probable que leur nombre ait facilité le choix des commanditaires. La plupart des dessins ont été mis au carreau pour être reportés sur les cartons. Ils portent des indications d’échelle et des essais de lavis dans les marges. Ils ont été utilisés comme instruments de travail, les contours ont été parfois repassés, et des empreintes digitales, des taches, se distinguent sur les bords. Des bandes de papier d’aspects différents ont été collées pour agrandir certaines feuilles. Ces marques font de ces œuvres des témoignages très significatifs de l’activité d’un atelier.
Ils ont été attribués à Lerambert par plusieurs historiens. Cependant ils ne semblent pas de la même main et, de plus, sont de qualité inégale. Deux techniques ont été utilisées, la sanguine et le lavis, ce dernier de couleurs variées, brun, bleu, mauve avec des rehauts de blanc. Peut-être ces dessins ont-ils été réalisés en plusieurs séries. Ils retracent, en vingt-six scènes, la vie du Christ. Le dernier dessin, Saint Paul devant un proconsul, n’appartient pas à la suite.
Thème repris fréquemment au 16e et au début du 17e siècle, la Résurrection offrait aux artistes des compositions variées. Celle choisie par Lerambert est conforme à l’iconographie des théologiens de la Contre-Réforme. Le Christ brandissant la croix-étendard, symbole de sa victoire sur la mort, se tient debout dans une gloire de lumière, sur le sarcophage dont le couvercle est resté scellé. Les soldats, de part et d’autre du tombeau, éclaboussés de lumière, sont figurés pétrifiés, ou effrayés, se protégeant de leur bouclier, où encore fuyant.
La visite des saintes femmes au tombeau, seul fait relaté par les écritures au sujet de la Résurrection, et qui fut l’iconographie adoptée par le premier art chrétien, est esquissée au loin par trois silhouettes vagues sur le chemin de Jérusalem. À partir du 11e siècle, la Résurrection fut représentée comme un événement réel, imaginé d’après la relation de l’ange qui avait accueilli les saintes femmes.
Signalons le souci de l’artiste d’encadrer son dessin d’une bordure en relief.
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Manipulations sans ménagement
Beaucoup de dessins, étant considérés comme des instruments de travail, de recherches et non pas comme des œuvres destinées à être conservées, étaient manipulés sans ménagement. Ils pouvaient être mis au carreau pour être reproduits à une autre échelle ou reportés sur un autre support : toile, carton de tapisserie, cuivre, etc. Certains présentent des contours repassés pour être calqués, ou piqués à l’aide d’une pointe afin d’être reportés sur un autre support, ce qui nuit à leur qualité originelle, et fait naître parfois un doute sur l’originalité de l’œuvre.

L’Histoire de la reine Artémise
Un groupe de soldats porte des vases remplis de monnaies, butin des conquêtes. Le cortège se déplace sur un fond de paysage, de collines et d’architecture. Ce dessin ayant pour thème un cortège triomphal, imitant les triomphes romains, était destiné à amplifier L’Histoire de la reine Artémise (ce sont les tapisseries conservées qui permettent de le rattacher à cette série).
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Des essais de couleurs, des annotations, des indications d’échelle se remarquent fréquemment. Des retouches à la plume, au lavis, des rehauts réalisés à une autre époque, parfois pour rafraîchir le dessin, pour le transformer au goût du jour, se devinent. Dans certaines suites, les dessins présentent des étapes différentes de préparation, ainsi pour quelques-uns, la mise au carreau est achevée, pour d’autres, elle n’est pas commencée mais il est possible qu’une copie de l’œuvre mise au carreau ait existé.

L’Histoire de la reine Artémise
Quatre chevaux richement caparaçonnés sont entourés de trois soldats portant des couronnes de laurier symbolisant la victoire. L’un sonne de la trompe et les deux autres revêtus d’une cuirasse guident les chevaux en tenant les rennes. Une tapisserie aux armes de France et de Navarre couronnées, entourées du collier des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit, est conservée au Mobilier national.
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L’engouement tardif des amateurs
Bien que, dès le 16e siècle, la notion de collection apparaisse, puisque Giorgio Vasari constitua la première collection de dessins connue, et que certains artistes conservaient les dessins ou en échangeaient, l’hésitation des collectionneurs devant ces œuvres difficiles à définir, considérées, longtemps, davantage comme des documents, explique l’engouement tardif des amateurs et les travaux très récents sur les collections publiques d’art graphique. Ainsi la première exposition de dessins florentins maniéristes conservés au musée du Louvre ne date que de 1964. Les dessins du 16e au 18e siècle conservés au Cabinet des estampes n’ont jamais été étudiés excepté un ensemble des écoles du Nord en 1936, certains portraits au crayon et quelques œuvres empruntées lors d’expositions.