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Focus

Le dessin, un art méconnu

Histoire de la vie du Christ : La Résurrection de Lazare
Histoire de la vie du Christ : La Résurrection de Lazare

Bibliothèque nationale de France
 

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Si l’intérêt d’étudier l’art du dessin paraît de nos jours évident, la connaissance des œuvres graphiques du 16e siècle reste partielle. En cause, plusieurs difficultés liées à la nature même des œuvres, souvent simples outils de travail des artistes.

Difficultés de l’inventaire

Les inventaires de plusieurs collections et les catalogues de dessins de très nombreux artistes restent à faire. La plupart des dessins, compte tenu de leur utilisation comme instruments de travail dans les ateliers, ne sont pas signés, et lorsqu’ils comportent un nom d’artiste, il est le plus souvent écrit par un collectionneur ou un marchand. Les longues recherches nécessaires pour identifier les auteurs, les projets, les thèmes parfois, la provenance des œuvres, leur localisation sont autant d’obstacles qui retardent considérablement les recherches. S’y ajoutent la conservation des dessins souvent collés sur un support qui ne permet pas de découvrir les éventuels filigranes, marques de collections, signatures, annotations, esquisses qui constituent de précieuses informations.

Histoire de la vie du Christ : Les Noces de Cana
Histoire de la vie du Christ : Les Noces de Cana |

Bibliothèque nationale de France

Prolifération des copies

Le travail dans les ateliers où les artistes avaient été souvent formés par un même maître, et s’activaient sous son influence, est également une cause de confusion. L’exécution nécessitait parfois des copies des dessins du maître pour disposer de plusieurs modèles. De plus, les apprentis s’exerçaient aussi en copiant des œuvres. Les grands décors ornementaux, les cycles peints, les entrées royales exigeaient de nombreuses études préparatoires. Un seul artiste pouvait reproduire les compositions de plusieurs maîtres afin de rendre plus homogène un ensemble de dessins pour une création monumentale. Peut-être en est-il ainsi pour les tentures d’Artémise ou celles de Saint-Merri. Lorsqu’il s’agissait de portraits de cour, les nécessités diplomatiques ou les demandes des amateurs avaient pour conséquences l’exécution de copies parfois par l’auteur même du portrait.

Histoire de la vie du Christ : La Résurrection
Histoire de la vie du Christ : La Résurrection |

Bibliothèque nationale de France

Manipulations sans ménagement

Beaucoup de dessins, étant considérés comme des instruments de travail, de recherches et non pas comme des œuvres destinées à être conservées, étaient manipulés sans ménagement. Ils pouvaient être mis au carreau pour être reproduits à une autre échelle ou reportés sur un autre support : toile, carton de tapisserie, cuivre, etc. Certains présentent des contours repassés pour être calqués, ou piqués à l’aide d’une pointe afin d’être reportés sur un autre support, ce qui nuit à leur qualité originelle, et fait naître parfois un doute sur l’originalité de l’œuvre.

L’Histoire de la reine Artémise
L’Histoire de la reine Artémise |

Bibliothèque nationale de France

Des essais de couleurs, des annotations, des indications d’échelle se remarquent fréquemment. Des retouches à la plume, au lavis, des rehauts réalisés à une autre époque, parfois pour rafraîchir le dessin, pour le transformer au goût du jour, se devinent. Dans certaines suites, les dessins présentent des étapes différentes de préparation, ainsi pour quelques-uns, la mise au carreau est achevée, pour d’autres, elle n’est pas commencée mais il est possible qu’une copie de l’œuvre mise au carreau ait existé.

L’Histoire de la reine Artémise
L’Histoire de la reine Artémise |

Bibliothèque nationale de France

L’engouement tardif des amateurs

Bien que, dès le 16e siècle, la notion de collection apparaisse, puisque Giorgio Vasari constitua la première collection de dessins connue, et que certains artistes conservaient les dessins ou en échangeaient, l’hésitation des collectionneurs devant ces œuvres difficiles à définir, considérées, longtemps, davantage comme des documents, explique l’engouement tardif des amateurs et les travaux très récents sur les collections publiques d’art graphique. Ainsi la première exposition de dessins florentins maniéristes conservés au musée du Louvre ne date que de 1964. Les dessins du 16e au 18e siècle conservés au Cabinet des estampes n’ont jamais été étudiés excepté un ensemble des écoles du Nord en 1936, certains portraits au crayon et quelques œuvres empruntées lors d’expositions.