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François Clouet. Vers 1510/1515-Paris, 1572. | |
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Catherine de Médicis, en veuve | ||
Vers 1560 | ||||
Pierre noire et sanguine. 345 x 243 mm. | ||||
Paris, BNF, Estampes, Rés. Na 22 | ||||
Fille de Laurent II de Médicis, duc d'Urbino, et nièce du pape Clément VII, elle devint un personnage politique dont le rôle fut essentiel au XVIe siècle. Éclipsée par la favorite d'Henri II, Diane de Poitiers, elle ne fut pas délaissée par le roi, mais dut attendre d'exercer la régence à l'avènement de Charles IX, pour montrer ses capacités à gouverner et son sens de l'état. La mort de son mari, en 1559, fut le fondement de son pouvoir et sa justification. Dépourvue de tout fanatisme, elle chercha à mener une politique de conciliation entre les catholiques et les protestants, et maintint pendant un quart de siècle, dans une période très troublée par les guerres de Religion, l'unité du royaume. Elle favorisa le mariage de sa fille Marguerite avec Henri de Navarre. D'une grande curiosité intellectuelle, elle avait réunie, dans son palais, des peintures, des tapisseries, des sculptures, des émaux, des minéraux et toutes sortes de curiosités. Très favorable à une politique artistique, elle poursuivit la construction du Louvre, et commença celle des Tuileries. Ses plaisirs préférés étaient ceux de la vie de famille, mais elle appréciait aussi les fêtes mondaines, les bals, les tournois, les spectacles, notamment la comédie italienne ; elle aimait la musique, le chant, la danse, les ballets, et s'intéressait aux poètes, qu'elle protégea. Elle évoluait dans un milieu dissolu mais cultivait la vertu. Épistolière douée, sa correspondance est abondante, et des allusions aux portraits s'y rencontrent souvent. Jeune, les ambassadeurs la décrivent petite, maigre, les traits sans finesse, les yeux saillants. Lorsqu'elle fut plus âgée, ils se dirent frappés par son teint olivâtre et son embonpoint, embonpoint auquel s'ajoutaient ses nombreuses grossesses. Cela ne la privait pas des plaisirs de la chasse. Dès son arrivée en France, son beau-père le roi François Ier l'emmena traquer ours et sangliers avec ses intimes. Passionnée d'équitation, elle pratiqua ce sport jusqu'à la soixantaine. Elle partageait la passion des chevaux avec son fils Charles IX et avait une préférence marquée pour les coursiers andalous. Elle aurait introduit, en France, le chevauchement en amazone. Après la mort d'Henri II en 1559, la reine, âgée de quarante ans, profondément touchée, porta le deuil toute sa vie et resta vêtue de noir. Elle exclut, pour elle, le luxe vestimentaire qu'elle affichait du vivant de son mari, et s'habilla de robes de laine noire. À deux reprises, lors des mariages de Charles IX et Henri III, elle arbora des robes de soie et de velours sombre. Elle joua de ses vêtements de veuve comme d'un pouvoir. Elle se servit également de son deuil pour exalter la mémoire du roi défunt. Dans son hôtel, sa demeure personnelle, elle fit construire une colonne colossale dont la décoration indiquait qu'il s'agissait d'un monument de piété conjugale. La douleur et la fidélité de la reine y étaient symbolisées par un semis d'ornements en relief, fleurs de lys, cornes d'abondance, miroirs brisés, lacs d'amours déchirés, C et H entrelacés. Cette colonne, seul vestige de ce lieu, est appelée Colonne de l'horoscope. La suite de tapisseries, L'Histoire de la reine Artémise, dédiée à Catherine de Médicis, exalte aussi l'amour que la reine portait à son époux défunt, l'éducation exemplaire qu'elle donnait à son fils et les réalisations architecturales dont elle était l'initiatrice. Cette personnalité que la reine cultivait est illustrée par le portrait exposé, reproduit en peintures et miniatures ; Catherine de Médicis porte la coiffure de deuil, le chaperon rigide aux bords arqués, avec une pointe s'avançant sur le front, recouvert par un long voile tombant dans le dos, coiffure qu'elle mit à la mode pour longtemps. François Clouet traduit avec un certain réalisme la maturité de la reine. Son intelligence, son sens de l'autorité, sa fermeté, transparaissent dans son regard, atténués cependant par une expression méditative. À cette époque, elle avait écrit à sa fille la reine d'Espagne : "Recommandez-vous bien à Dieu, car vous m'avez vue aussi contente comme vous ne pensant jamais avoir autre tribulation que de n'être assez aimée à mon gré du roi votre père, qui m'honorait plus que je ne méritais, mais je l'aimais tant que j'avais toujours peur comme vous savez, et Dieu me l'a ôté." En effet, bien que très épris de Diane de Poitiers, Henri II appréciait les dispositions de la reine pour l'amour conjugal, dont il disait : "Sur toutes les femmes du monde, il n'en savait aucune qui la valut en cela". Catherine aimait ses enfants passionnément. Dans ses lettres, elle écrit que c'est "le principal intérêt" qu'elle a dans le monde. Elle nourrissait, notamment à l'égard d'Henri III, un amour aveugle. Pour qu'il ne s'éloigne pas, elle toléra sous son règne une grande liberté de mœurs. L'attachement à sa famille se manifesta jusque dans le grand mausolée qu'elle avait fait construire à Saint-Denis ; la crypte renferma les corps du roi, de la reine et de huit de leurs enfants. Seules la reine d'Espagne et la duchesse de Lorraine étaient absentes. |
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