François Clouet. Vers 1510/1515-Paris, 1572.
Élisabeth de France
Vers 1559
Pierre noire et sanguine. 338 x 235 mm.
Paris, BNF, Estampes, Rés. Na 22

Fille aînée d'Henri II et de Catherine de Médicis, elle épousa Philippe II, roi d'Espagne (1527-1598), à l'âge de quatorze ans, en 1559 ; il avait plus du double de son âge, et l'avait demandée en mariage auparavant pour son fils don Carlos (traité de Cateau-Cambrésis, 1559). Ce mariage a inspiré J. C. F. von Schiller (1759-1805), poète et dramaturge allemand, qui a écrit une pièce, Don Carlos, mettant en scène l'amour d'un fils pour la seconde femme de son père. La vie d'élisabeth de France fut, semble-t-il, très triste à la cour d'Espagne. Elle mourut en couches à vingt-trois ans. Brantôme fait l'éloge de la reine : "Fort belle et d'un courage fort constant,[...] princesse la meilleure qui ait été de son temps et autant aimée de tout le monde."
Catherine de Médicis avait tenté de la marier à édouard VI, roi d'Angleterre, en 1550. Un portrait d'élisabeth, dessiné par une femme de chambre de sa mère fut expédié à la cour d'Angleterre. Un portrait du jeune roi anglais avait été aussi envoyé en France. Élisabeth âgée alors de cinq ans donnait "le bonjour au roi d'Angleterre, monseigneur" (Adhémar, 1973). Puis, peu avant son mariage avec Philippe II, un portrait d'élisabeth fut envoyé au roi d'Espagne qui le mit dans sa chambre.
Le dessin et la peinture qu'elle pratiquait, l'ayant appris d'une de ses dames italiennes, Sofonisba Anguiscola, et pour lesquels elle se passionnait sont plusieurs fois évoqué dans des lettres. L'ambassadeur de France, Sébastien de Limoges, écrit, le 9 février 1560, à Catherine de Médicis, qu'elle passe "le temps en ung brouillas de portrait qu'elle a facit devant moi aussi promptement qu'elle a bon esprit. Estant incroable comme ayant quelque peu apprins d'une de ses dames italiennes que le roy lui a donnée, elle a proufité en la paincture [...]. M'ayant commandé de vous supplier par le premier lui adresser des crayons de toutes couleurs et bien faicts, qu'elle scayt que Jannet [François Clouet] saura lui préparer dextrement." (Négociations au règne de François III, p. 807.) mme de Vimeux, dans une lettre adressée à Catherine de Médicis le 30 septembre 1561, témoigne aussi de ce goût de la reine qui "passait son temps la plus part à peindre, en quoi elle prenait grand plaisir, de sorte que je pense que devant un an elle sera si bonne maîtresse que celle même qui l'apprend qui est des meilleures du monde". Quelques mois avant, elle avait envoyé au cardinal de Lorraine "la peinture d'une dame de ce pays, je ne sais si vous la connaîtrez".
Elle avait aussi manifesté ce goût pour les crayons en demandant à Clouet de lui en envoyer à Madrid.
Elle est représentée portant l'escoffion et la fraise montante.