C’est
dans la gamme des rouges que l’homme européen a été
performant le plus tôt, bien avant toutes les autres couleurs,
en teinture comme en peinture. Aussi le rouge a-t-il été
longtemps considéré comme la couleur par excellence.
Dans
la plupart des sociétés indo-européennes, le
rouge forma avec le blanc et le noir un système à trois
pôles autour desquels, jusqu'en plein Moyen Âge, s'organisèrent
tous les codes sociaux.
Le
rouge est associé depuis le fond des âges au sang et
au feu, à la vie et à la vigueur, à l’autorité
et à la beauté.
Le
rouge est devenu la couleur de la marque et du signal, du danger et
de l'interdiction...
de
la joie et de l'enfance...
de
l'amour et de l'érotisme...
du
luxe et de la fête, de la matière et du matérialisme.
Depuis
des époques très anciennes, la couleur rouge a été
en Occident associée à la mise en scène du pouvoir
et du sacré.
Dès
l’époque romaine, le rouge, couleur de la guerre, participe
à toutes les victoires et solennités.
Le
christianisme médiéval maintient les usages solennels
du rouge, en minorant la dimension guerrière de la couleur
et en valorisant sa fonction sacrée.
Le
rouge est devenu une des trois couleurs liturgiques principales, liée
aux fêtes de l’Esprit et de la Croix. Associé au
blanc, il est devenu également la couleur symbolique de l'Église,
de la papauté et d’une bonne partie des rituels et cérémonies
qui leur sont associés.
Elle manifeste parfois opposition et révolte.
Le
rouge devient la couleur dominante des lieux de plaisir et de divertissement,
celle des salles où se donne un spectacle, s’écoute
de la musique, se joue une pièce de théâtre ou
un opéra.
Si,
au XVIIIe siècle, le bleu lui fait un moment concurrence
dans ce rôle, le rouge demeure jusqu’à des dates
très récentes la couleur de la théâtralité.
Partout
des salles sont entièrement habillées de rouge, du sol
au plafond, des fauteuils aux rideaux, pour exprimer tout à
la fois le caractère exceptionnel du lieu, et le plaisir que
l’on éprouve à y être. Sans le rouge, la
fête ne serait pas complète, le plaisir moins grand,
le lieu plus ordinaire.
À
l’époque moderne, la mise en scène du rouge ne
disparaît pas des églises ni des palais mais elle s’étend
à d’autres lieux et circonstances, les uns tout aussi
solennels, comme les palais de justice, les autres plus profanes et
plus ludiques.