Jean-Paul Sartre et Paul Nizan au Luxembourg

Photographie. 13 x 18 cm
© Archives Gallimard

Lorsque Sartre revient de La Rochelle, il retrouve Paul Nizan, lui aussi pensionnaire à Henri-IV. Ils sont si proches qu'on les confond, leurs condisciples de la rue d'Ulm les surnommeront "Nitre et Sarzan". Ils jouent de cette ressemblance, ils veulent une amitié exclusive : "Il écrivait son nom préféré en langue de ses pères sur les tableaux noirs de la salle de classe : Rahan " ? Je lui demandai de m'en choisir un : je m'appelai Béhor. Nous fîmes de ces deux noms nos désignations véritables. Nous étions deux surhommes. Nous nous promenions à travers Paris le jeudi et le dimanche comme deux surhommes en herbe qui profitions de notre adolescence pour mettre au point nos mythes et nos théories. Quelquefois un troisième surhomme venait avec nous. C'était un bon camarade, mais nous nous disions en secret, Nizan et moi, qu'il n'avait aucun des traits de la surhumanité et que nous lui faisions croire qu'il était des nôtres par pure amitié." (Matériaux autobiographiques.)