Jean-Paul Sartre (1905-1980)
Témoignage pour Ben Saddock

10 décembre 1957. Manuscrit autographe. 14 f., 27 x 21 cm
BNF, Manuscrits, fonds Sartre

Au procès de Ben Sadok, assassin d'Ali Chekkal, l'ancien vice-président de l'assemblée algérienne, Sartre avait été cité comme témoin à décharge par l'avocat de l'accusé, avec d'autres intellectuels de gauche comme André Mandouze, Louis Massignon, Germaine Tillion : "Sartre était ému quand nous nous rendîmes au Palais de justice ; dans les conférences, dans les meetings, les paroles ne pèsent pas tellement lourd, mais ce jour-là, un homme jouait sa tête." (La Force des choses, t. II, p. 140). Dans un des comptes rendus d'audience, sous la plume de Bertrand Poirot-Delpech, on pouvait lire : "Pour l'auteur des Mains sales, qui cite au passage Les Justes d'Albert Camus, on ne saurait assimiler l'assassinat politique, acte individuel à but précis, au terrorisme, qui est une manœuvre d'intimidation. Le témoin évoque Charlotte Corday : qu'il se soit trompé ou non, Ben Sadok a cru obéir à un devoir et répondre au vou d'une opinion." Ben Sadok, à l'issue du procès, fut condamné aux travaux forcés à perpétuité.