Cimetières indiens

par Jean Chaffanjon

"Pendant onze jours que nous passons à Atures, je recueille de précieux renseignements sur les anciennes peuplades de la région et je visite les environs : Punta Cerro, qui renferme la grotte d'Arvina avec ses urnes funéraires ; l'île Cucuritale, où le docteur Crevaux et son compagnon Lejeanne ont recueilli des poteries et des crânes appartenant aux anciens Indiens Atures ; le cerro de los Muertos, avec sa grotte qui est le cimetière des Piaroas ; et enfin le cerro Pintado, avec ses gigantesques inscriptions.
Le cimetière des Piaroas est une anfractuosité du rocher abritant de la pluie, ou une grotte dans la montagne. Si le corps est dans un catumare, on le laisse tel quel dans une partie de la grotte ; si, au contraire, il s'agit d'un chef, on le dépose dans une partie réservée, en le recouvrant de grosses pierres pour le préserver des profanations.
À trois kilomètres d'Atures en amont du raudal, au sud de Punta Cerro, une petite montagne isolée, cerro de los Muertos, possède une grotte basse et profonde qui est le cimetière des Piaroas du Cataniapo. L'ouverture de la grotte a près de quinze mètres de large ; sa profondeur est de cinq mètres, sa hauteur variant entre 0,40 m. et 2,25 m. dans la partie basse se trouve un grand nombre de catumares possédant encore des squelettes plus ou moins complets ; les rats ont établi leur demeure dans ces crânes d'Indiens. La partie haute est occupée par deux sépultures de chefs très bien conservées. L'absence des Piaroas dans les environs me permet de recueillir une ample collection de crânes de Catumares, divers objets apportés là par les parents, enfin deux squelettes de chefs complets. Toutes ces pièces figurent aujourd'hui à notre musée national du Trocadéro."
Jean Chaffanjon, "Voyage aux sources de l'Orénoque… 1886-1887", Le Tour du Monde, 1888, p. 346.
Texte intégral sur Gallica
 
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