Sous le règne d'Abbas le Grand (1588-1629)

'Abbas le Grand et un échanson
Abbas le Grand
et un échanson

Le manuscrit Supplément persan 1029 est l’un des plus beaux livres enluminés réalisés durant le règne du roi de Perse ‘Abbâs Ier «le Grand ». Celui-ci était le cinquième souverain de la dynastie des Safavides, maîtres de la Perse depuis 1501.

Un contemporain d’Henri IV

‘Abbâs le Grand, contemporain de Henri IV et du début du règne de Louis XIII, est considéré comme le plus remarquable des Châhs safavides. Il fit de judicieuses réformes, fut victorieux en de multiples rencontres et instaura une période de prospérité économique, de telle façon que son royaume fut en mesure de connaître ensuite une paix durable.

‘Abbâs passait la plus grande partie de son temps à se déplacer d’un bout à l’autre de la Perse, chassant et guerroyant; il allait escorté de sa cour, de résidence en résidence.

Khosrow se rend au château de Chîrîn, la voit et lui parle Khosrow se rend au château de Chîrîn, la voit et lui parle
Khosrow se rend au château de Chîrîn

Un prince conquérant

A la mort d’‘Abbâs, la Perse avait pris de vastes territoires à ses belliqueux voisins. Elle s’était surtout ouvert un accès vers la mer et les réformes du Châh ‘Abbâs dans différents domaines sont restées célèbres et ont durablement marqué l’imagination des Persans.

Il s’attacha à rendre plus sûres les grandes voies de communication ; des gardes assuraient la sécurité des caravanes ; des caravansérails étaient créés, agrandis ou restaurés à tous les lieux d’étapes ; on veillait à ce que les étrangers voyagent sans encombre et à ce que les taxes restent modiques. Dans le même temps ‘Abbâs tentait d’établir l’unité religieuse de son royaume grâce au concours des plus grands théologiens de l’islam chiite. Il avait cependant, à l’occasion des guerres d’Azerbaïdjan de 1604, fait déporter à Ispahan une grande partie de la population chrétienne de l’Arménie persane en permettant à ces Arméniens de garder leur religion ; son génie politique avait vu le parti qu’il pourrait en tirer. Il leur prêta de l’argent et les plus industrieux d’entre eux purent ainsi mettre sur pied le commerce de la soie de Perse à travers le monde entier.

Un règne de prospérité et de stabilité

De telles initiatives, ainsi que le transfert en 1598 de la capitale à Ispahan – une ville située sur les grandes voies de communication, au centre du royaume -, corrélativement à l’abandon des anciennes capitales de Tabriz et de Qazvin, étaient en mesure d’établir la prospérité de la Perse sur des bases solides.

Plaque tournante du commerce vers la Turquie et l’Europe, la Russie, l’Inde et l’Extrême-Orient, Ispahan deviendra au milieu du XVIIe siècle, au dire des voyageurs européens enthousiastes, l’une des deux plus grandes villes du monde, rivalisant avec Londres.

Fin politique, ‘Abbâs le Grand a su donner à la Perse une certaine prospérité et une indéniable stabilité. Son règne marque un tournant dans l’histoire persane. La dynastie safavide durera encore un siècle et son déclin commence une cinquantaine d’années après la mort de ce Châh dont la légende s’est plue à embellir la figure.


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