L'art de la reliure

Lorsque les cahiers constituant le livre sont terminés, ils sont cousus dans une reliure de cuir qui se présente comme un portefeuille et est presque toujours pourvue d’un rabat triangulaire.

Les plats des livres sont ornés de motifs soigneusement estampés à froid. Jusqu’au XVe siècle, ces motifs sont géométriques et végétaux, comme ceux utilisés pour l’enluminure ou en architecture. Le plat peut être entièrement rempli d’un décor géométrique, ou bien comporter une bordure estampée avec un médaillon central de forme circulaire, en amande (mandorle) ou en étoile.

Puis les techniques deviennent plus complexes et le répertoire des motifs s’élargit. Le cuir ajouré connaît une grande vogue en Perse, à Hérât comme à Chirâz. Les motifs (arabesques, figures animales), estampés à froid sur une pièce de cuir, sont placés sur la reliure préalablement évidée et couverte d’un fond de soie ou de papier de couleur. Très fragiles, ces décors sont le plus souvent réservés aux contreplats des reliures.

Les reliures laquées, apparues à la fin du XVe siècle, accompagnent les manuscrits de luxe durant tout le siècle suivant. La technique est d’origine chinoise, mais il semble que son application à la couverture de livres soit due à des artistes de Hérât. Le décor, réalisé sur carton, parfois sur cuir, représente souvent une scène de chasse ou un banquet.
 



Le Livre de la séparation
Le Livre de
la séparation

Mandorle centrale à motif de simorgh

Le Livre de la séparation, court poème composé vers 1368, traite de la séparation de deux amants que seule la mort réunira.

Sa reliure, en maroquin brun, comporte une mandorle centrale à motif de simorgh (oiseau merveilleux) et de renard. Sur le recouvrement triangulaire figurent des lièvres, tandis que des canards en vol sont estampés sur les écoinçons (triangles ornant les coins du plat de reliure).



Les Orients éclatants
Farghâni Kâchâni,
Les Orients éclatants

Estampage à froid d’époque il-khânide

Cette reliure est typique du style en usage dans la région de Tabriz au XIVe siècle : un motif central circulaire est orné d’entrelacs formés par répétition de points et de petits fers filigranés en tiret, quart de cercle et demi-cercle ; l’encadrement intérieur des plats fait appel aux mêmes fers et à d’autres en s, tandis que l’encadrement extérieur est constitué par répétition d’un fer carré à décor plus complexe.



Recueil des oeuvres poétiques
Châhi, Recueil des œuvres poétiques

Reliure laquée à motif animalier

Cette copie du Divân de Châhi ne porte pas mention de son destinataire. Sa reliure laquée, à décor animalier, a sans doute été réalisée quelques années plus tard, vers 1550-1560, peut-être à Qazvin.



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