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Personnalité

Geoffroy Tory

Éditeur, imprimeur et typographe de la Renaissance
Vers 1480-1533
Lettre, visage et perspective 4
© Bibliothèque nationale de France
Ainsi, ne voulant que nos lettres attiques fussent en leur proportion du tout inconnues, je vous les ai toutes désignées par nombre et mesure, afin qu’en puissiez user à votre bon plaisir, et en faire de tant grandes et tant petites que bel et bon vous semblera
Geoffroy Tory, Le Champ Fleury, 1529

Personnalité incontournable de l’univers du livre à la Renaissance, Geoffroy Tory est à la fois un précurseur des règles et usages de la langue française, un éditeur humaniste et un artiste de talent. Né à Bourges vers 1480, il est le fils d’un laboureur, une situation sociale modeste, mais suffisamment aisée néanmoins pour porter attention à l’éducation des enfants. Foyer artistique et universitaire, sa ville natale lui offre donc un enseignement de qualité, qu’il s’en va parfaire en Italie, à Rome et à Bologne, entre 1505 et 1506.

De retour en France, Geoffroy Tory entame une carrière universitaire, sous les bons auspices de Philibert Babou, le valet de chambre de Louis XII, lui aussi natif de Bourges. À partir de 1509, il enseigne ainsi successivement au collège du Plessis, au collège Coqueret puis au collège de Bourgogne, où il occupe une chaire de professeur de philosophie. Mais dès cette époque, son intérêt se porte aussi sur l’imprimerie et l’édition. Publiant son premier livre dès 1507, il se consacre à la fois à l’édition critique de classiques antiques et de textes italiens, comme le traité sur l’architecture d’Alberti. Dans cette période, il se forme également au dessin et à la gravure auprès du peintre Jean Perréal.

Un second voyage en Italie en 1516-1517 le ramène à Paris sans le sou. Il s’établit donc comme enlumineur et graveur sur bois auprès de l’imprimeur de Simon de Colines, où il se consacre notamment à l’illustration de livres d’Heures, petits ouvrages de dévotion pour les particuliers. En 1523, il s’installe comme libraire ; son emblème, le « pot cassé », apparaît par la suite sur toutes ses œuvres. Les années 1520 marquent également l’éclosion de son ouvrage majeur : le Champ Fleury, qui mêle défense de la langue française et réflexion typographique. Publié en 1529, le texte s’inscrit dans les préoccupations propres à l’humanisme et à la Renaissance : la codification et la promotion des langues vernaculaires, ainsi que le désir de trouver un équilibre et une harmonie des lettre fondés sur des proportions mathématiques.

L’ouvrage, ainsi que son travail d’imprimeur, attire l’attention de François Ier, qui lui confère en 1530 le titre d’imprimeur du roi, créé spécialement pour lui. Sous ce patronage royal, Geoffroy Tory publie textes de circonstances et ordonnances officielles, tout en poursuivant son activité d’éditeur humaniste : éditions critiques d’auteurs grecs et latins, traductions françaises d’œuvres antiques, ouvrages intellectuels italiens sortent de ses presses. Emporté par la peste en 1533, il laisse à la postérité, outre ses nombreuses éditions, une œuvre de typographe et de poète.

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