Le temps des
révolutions démocratiques
“Nous tenons pour naturellement évidentes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.” C’est dans ces termes que s’ouvre la Déclaration d’indépendance des États-Unis, rédigée de la main de Thomas Jefferson, et adoptée par le second Congrès continental le 4 juillet 1776.

L’époque des révolutions est naturellement celle où l’utopie cesse d’être seulement une fiction littéraire pour devenir, portée par l’ébranlement de la société, un principe de refondation de la réalité politique et sociale.

Tel est, par exemple, le rôle joué dans la France révolutionnaire par l’idée de souveraineté nationale : il s’agit de donner corps à ce sujet collectif, formé par l’ensemble des citoyens, dont toute loi tire sa légitimité. Son unité, sans doute impossible à réaliser dans la vie politique, se manifeste aux yeux des acteurs de l’époque dans ces grands moments de fusion que sont les fêtes révolutionnaires. 

Autre forme d’utopie, la tentative de promouvoir un nouveau calendrier, un nouveau décompte du temps : la Révolution s’affirme comme commencement de l’Histoire, naissance d’une humanité régénérée.
  
  
Sieyès
Nous avons trois questions à nous faire.
1° Qu’est-ce que le tiers état, - TOUT
2° Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? - RIEN
3° Que demande-t-il ? - À ÊTRE QUELQUE CHOSE   
Qu’est-ce que le tiers état ?, 1789.
  

 
Maximilien Robespierre
Rassemblez les hommes, vous les rendez meilleurs ; car les hommes rassemblés chercheront à se plaire, et ils ne pourront se plaire que par les choses qui les rendent estimables. Donnez à leur réunion un grand motif moral et politique, et l’amour des choses honnêtes entrera avec le plaisir dans tous les cœurs. […] L’homme est le plus grand objet qui soit dans la nature ; et le plus magnifique des spectacles est celui d’un grand peuple assemblé. […] Un système de fêtes nationales bien entendu serait à la fois le plus doux lien de fraternité et le plus puissant moyen de régénération.
Rapport sur les idées religieuses et morales, 18 floréal an II.
  

 
Gilbert Romme
La Révolution a retrempé les âmes des Français ; elle les forme chaque jour aux vertus républicaines. Le temps ouvre un nouveau livre à l’histoire ; et dans sa marche nouvelle, majestueuse et simple comme l’égalité, il doit graver d’un burin neuf les annales de la France régénérée.
Rapport sur l’ère de la République, 10 septembre 1793.