Ludvig Holberg
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La justice des arbres

Cependant je ne fus pas plutôt entré que les juges se levèrent étendant leurs branches en haut, et après cette cérémonie, chacun reprit sa place. Pour moi, je restai à la barre, entre deux arbres qui avaient chacun le tronc couvert d’une peau de brebis. Je les pris pour des avocats, et c’en étaient aussi. Avant qu’ils commençassent à plaider, on couvrit la tête du président d’un manteau de feutre. Le plaignant fit un court plaidoyer auquel le défendeur fit une réponse aussi courte. Les plaidoyers de l’un et de l’autre furent suivis d’un silence de demi-heure au bout de laquelle le président, ayant ôté le voile qui le couvrait, se leva, et étendant de nouveau ses branches, prononça avec décence certaines paroles que je crus qui contenaient ma sentence, car dès qu’il eut cessé de parler, je fus renvoyé, et conduit dans une vieille prison, d’où je me figurais qu’on m’allait tirer comme d’un grenier pour me faire fouetter par la main du bourreau.

Dès que je me vis seul dans ce réduit, je me rappelai tout ce qui venait de se passer, et je ne pouvait m’empêcher de rire quand je réfléchissais sur la folie de la nation où je me trouvais, car ces juges qui m’avaient fait mon procès me paraissaient plutôt des pantomimes, que des magistrats, et leurs greffes, leurs ornements, leur manière de procéder, me semblaient plus dignes du théâtre que d’un tribunal consacré à Thémis. Là dessus je vantais le bonheur de notre monde et la supériorité des Européens sur toutes les autres nations. Mais quoique je blâmais la folie des peuples souterrains, j’étais pourtant obligé d’avouer qu’on devait les mettre au-dessus des brutes car la splendeur de leur ville, la symétrie de leurs maisons indiquaient assez que ces arbres n’étaient pas dépourvus de raisonnement ni tout à fait ignorants dans les arts, et surtout dans la mécanique ; mais je les croyais sans politesse ni éducation et j’étais persuadé qu’il ne fallait pas chercher chez eux la vertu.

Pendant que je m’entretenais ainsi en moi-même, je vois entrer un arbre tenant une palette à la main. Il s’approche de moi, me déboutonne ma poitrine et me dépouille d’un côté dont il me prend le bras, le retrousse et me saigne. Quand il m’eut tiré la quantité de sang qu’il voulait avoir, il me banda le bras fort adroitement. Il examina mon sang avec beaucoup d’attention, mêlée d’une espèce d’admiration ; après quoi il se retira.

Cette nouvelle aventure me confirma dans l’idée que j’avais déjà de l’extravagance de cette nation, idée dont je ne revins que lorsque j’eus appris la langue du pays, et qui se changea alors en étonnement et en admiration. Voici comme tout cela me fut expliqué dans la suite. On avait cru à ma figure que j’étais un habitant du firmament ; et on s’était mis en tête que j’avais voulu violer une matrone du premier rang, c’est pourquoi on m’avait traîné à l’audience comme un criminel. L’un des avocats avait exagéré ma faute, et en avait sollicité le châtiment selon la rigueur des lois ; l’autre avait plaidé pour moi, et avait demandé un délai du supplice, jusqu’à ce qu’on fut informé qui j’étais, d’où j’étais, et si j’étais brute ou animal raisonnable. L’élévation des branches n’était autre chose qu’un acte de religion, par lequel les juges se préparaient à bien prononcer sur le différend des parties. Les avocats étaient couverts d’une peau de brebis, afin de se ressouvenir de l’innocence et de l’intégrité avec laquelle ils devaient s’acquitter de leurs fonctions, et en effet il n’y en a point là qui ne soient gens de bien et intègres ; ce qui prouve qu’on peut trouver dans un état bien policé des avocats qui ont des sentiments et de la probité. Dans le pays dont je parle, les lois sont sévères contre les prévaricateurs. Il n’y a ni subterfuges, ni échappatoires qui les mettent à l’abri de leur rigueur ; point d’asile, point d’intrigue pour sauver ceux qui ont été condamnés, ni personne qui sollicite en faveur des perfides.

On répète aussi trois fois les mêmes paroles chez cette nation, à cause de la lenteur naturelle à concevoir les choses, qui la distingue des autres peuples. Il y a peu de gens chez celui-ci qui comprennent d’abord ce qu’ils n’ont lu ou entendu qu’une seule fois. Ceux qui ont la conception plus vive, et qui comprennent avec plus de facilité, sont regardés comme incapables de juger des procès et ne sont que fort rarement élevés aux emplois de quelque importance : car on a éprouvé que l’Etat s’était trouvé en danger toutes les fois qu’il avait été administré par des gens qui avaient beaucoup de pénétration, et qu’on appelle ailleurs de grands génies ; qu’au contraire ceux que le vulgaire appelle des hébétés avaient toujours réparé le mal que les autres avaient fait. Tout cela a fort l’air paradoxal, je l’avoue, mais lorsque je le pesais mûrement, je ne le trouvais pas aussi absurde qu’on pourrait se l’imaginer.

L’histoire qu’on me fit au sujet d’une femme, qui avait exercé l’emploi de président, me surprit encore davantage. Ce président femelle, était une fille native de la ville en question ; elle fut élevée par le prince à la dignité de kaki, c’est-à-dire de juge suprême de la ville ; car telle est la coutume de cette nation de ne mettre aucune différence de sexe par rapport aux charges de l’état, et de n’avoir égard qu’au mérite en les conférant. Mais afin de pouvoir juger des qualités d’un esprit et de connaître la porté, d’un chacun, il y a des féminaires établis, dont les directeurs sont appelés karattes, ce qui signifie, à proprement parler, des examinateurs ou scrutateurs. Leur office est de fonder et d’examiner le naturel et les qualités des jeunes gens, dont ils doivent mettre à part ceux qui sont propres aux emplois publics, et envoyer un rôle particulier au prince, avec une liste générale des différents talents, par lesquels les autres peuvent se rendre utiles à la patrie. Ayant reçu ce catalogue, le prince fait écrire sur un livre les noms de tous les candidats afin d’avoir toujours présents à son esprit, et pour ainsi dire, devant ses yeux, ceux qu’il doit revêtir des emplois vacants.

La fille en question avait mérité, depuis quatre ans, un témoignage avantageux de la part des karattes ; le prince y eut égard et l’établit présidente du sénat de la ville où elle était née ; c’est un usage sacré, et immuable chez les Potuans (c’est le nom de ce peuple) d’être employé dans la ville où l’on est né, étant persuadé qu’on a toujours plus d’affection pour l’endroit où l’on a reçu la naissance et l’éducation que pour un autre. Palmka (c’est le nom de cette fille) exerça son emploi avec beaucoup de gloire pendant l’espace de trois ans et fut regardée comme l’arbre le plus sage de la ville. Elle avait d’ailleurs la conception si tardive qu’elle ne pouvait comprendre les choses qu’on lui disait qu’à la troisième ou quatrième répétition ; mais aussi dès qu’elle avait compris une chose, elle connaissait tous les tenants et les aboutissants ; et elle prononçait si judicieusement sur les affaires les plus épineuses que toutes ses décisions étaient regardées comme des oracles.

Comme une autre Thémis, dans sa juste balance,
Elle examinait tout au poids de l’équité.
On ne la vit jamais opprimer l’innocence,
Ni jamais s’éloigner de son intégrité.

Enfin, on m’a assuré qu’elle ne prononça jamais de sentence qui ne fût confirmée par le suprême tribunal des Potuans, et qui ne reçut même de grands éloges. Je pensais donc, en considérant toutes ces choses, que cet établissement en faveur du beau sexe n’était pas aussi mal imaginé qu’il me l’avait paru d’abord ; et je me disais à moi-même : quel mal y aurait-il, par exemple, quand la femme du bourgue-maître de Berge connaîtrait des causes, et prononcerait les sentences ? Quel mal y aurait-il encore quand la fille de l’avocat Severin qui est une personne qui ne manque ni de savoir, ni d’éloquence, plaiderait à la place de son stupide père ? Non, cela n’apporterait aucun préjudice à notre jurisprudence, et peut-être Thémis ne recevrait pas les soufflets qu’on lui donne. Enfin il me semblait, vu la manière précipitée avec laquelle on procède aux jugements parmi nos Européens, que ces sentences hâtives, et précoces, seraient sujettes à une terrible censure, si elles étaient tant soit peu examinées de plus près.

Mais pour revenir à l’explication de ce qui m’était arrivé, voici ce que j’appris au sujet de la phlébotomie que j’avais soufferte. C’est la coutume chez ce peuple, que dès qu’il y a un criminel qui mérite le fouet, ou la torture, ou la mort, on lui ouvre la veine avant que de l’exécuter pour voir s’il a agi par malice ou par la disposition du sang ou des humeurs qui sont dans son corps, et si par cette opération il y aurait moyen de le rendre plus homme de bien. De manière qu’à le bien prendre, les tribunaux de ce pays-là sont plutôt établis pour corriger les gens que pour les tourmenter. Cette manière de corriger par la saignée renferme pourtant une espèce de châtiment, puisqu’on a attaché une note d’infamie à subir cette opération par sentence juridique. Que si ceux qui ont passé par cette correction viennent à faire une rechute, on les relègue au firmament où ils sont tous reçus sans distinction. Je parlerai tantôt plus au long de cet exil, et de sa nature Quant à l’étonnement que le chirurgien qui m’avait phlébotomisé avait marqué à la vue de mon sang, la cause en était telle : il n’avait jamais vu de sang rouge ; car les habitants de ce globe n’ont dans les veines qu’un suc blanc qui, plus il a de blancheur, plus il marque la pureté des mœurs.

De la nature du pays de Potuan et du caractère de ses habitants

La principauté du Potu n’est pas bien grande, puisqu’elle ne fait qu’une petite partie du globe où elle est placée. Tout ce globe s’appelle Nazar ; il a à peine deux cent milles d’Allemagne en circuit et on peut commodément le parcourir sans aucun guide car on n’y parle partout qu’une seule et même langue, quoique les Potuans soient fort différents des autres peuples de ce globe dans les affaires publiques, et en tout ce qui regarde le gouvernement, aussi bien que dans les mœurs et les coutumes. Ils sont par rapport aux autres peuples de Nazar ce que les Européens sont à l’égard des nations de notre monde, c’est-à-dire qu’ils les surpassent tous en prudence et en sagesse. Tous les chemins du pays de Potu sont distingués par des pierres placées à la distance d’un mille les unes des autres. Ces pierres ont des espèces de bras ou d’autres figures sur lesquelles on lit le chemin qu’il faut tenir pour aller à telle ville ou village que l’on veut. Toute la principauté est remplie de bourgs, villages et cités. Ce que je trouve de plus étonnant, c’est que je viens de remarquer que, nonobstant la diversité de mœurs, de coutumes et de génie, les habitants de ce globe s’accordent dans le langage, et parlent tous le même. Cela surprend agréablement un voyageur, et le ravit, pour ainsi dire, en extase.

Le pays est entrecoupé de rivières et de canaux, sur lesquels on voit voguer des bateaux à rames qui fendent les ondes, non à force de bras comme chez nous, mais par des ressorts qui les font agir à la manière des automates, et qui font aller la barque comme par une espèce de vertu magique, car il n’est pas possible, à moins qu’on ait des yeux d’Argus et une pénétration surnaturelle, de découvrir le nœud de cet artifice, tant ces arbres sont ingénieux et subtils dans leurs inventions.

Le mouvement de ce globe est triple comme celui de notre terre, de sorte qu’on y distingue les temps tout de même que chez nous, par les jours, les nuits, les étés, les hivers, les printemps et les automnes. Les lieux situés sous les pôles sont plus froids que ceux qui en sont plus éloignés. Pour ce qui regarde la clarté, il y a peu de différence entre les nuits et les jours pour les raisons que j’en ai données ci-dessus. Et l’on peut même assurer que les nuits y sont plus agréables ; car il n’est pas possible de rien imaginer de plus resplendissant que cette lumière du soleil qui est réfléchie et réverbérée par l’hémisphère où, le firmament compacte, et renvoyée sur la planète où elle se répand au long et au large, comme si une lune d’une grandeur immense luisait continuellement autour d’elle.

Les habitants consistent en arbres de diverses espèces, comme chênes, tilleuls, peupliers, palmiers, buissons, etc., d’où les seize mois de l’année reçoivent leurs différents noms. L’année souterraine contient seize mois ; c’est l’espace de temps que la planète de Nazar est à faire sa révolution. Elle recommence son cours au bout de cet intervalle ; mais, comme le jour de ce recommencement n’est pas fixe, à cause du mouvement irrégulier de la planète, qui varie comme celui de notre lune, messieurs les faiseurs d’almanachs se trouvent souvent hors de gamme dans leurs calculs. Les différentes époques reçoivent leurs noms des principaux événements. Le plus remarquable est l’apparition d’une comète qui se fit voir il y a trois mille ans, et qui causa, dit-on, un déluge universel qui submergea toute l’espèce arborienne, aussi bien que toutes les autres créatures vivantes. Il y eut pourtant quelques individus qui, s’étant sauvés sur le sommet des montagnes, échappèrent à la fureur des flots. C’est de ces arbres échappés que descendent ceux qui habitent aujourd’hui cette planète. La terre y produit des herbes, des légumes, et presque les mêmes sortes de fruits que nous avons en Europe ; mais on n’y voit point d’avoine ; aussi, n’y est-elle pas nécessaire, puisqu’il n’y a pas de chevaux. Les mers et les lacs fournissent des poissons exquis et ornent le pays de plusieurs rivages agréables, sur lesquels on voit des villes et des villages. La boisson ordinaire des habitants est faite du suc de certaines herbes qui sont toujours vertes, dans quelques saisons que ce soit. Ceux qui vendent cette boisson sont nommés vulgairement ninhalpi, herbicocteurs. Le nombre en est fixé dans chaque ville, et ils ont seuls le privilège de cuire ou distiller ces herbes. Ceux qui font ce métier ne peuvent exercer aucune autre profession, ni faire aucune autre espèce de commerce que ce soit. En revanche, il est expressément défendu à toutes les personnes qui ont des emplois publics, ou qui ont des pensions de la cour, de s’ingérer dans ce négoce, par la raison que ces personnes, à la faveur du crédit qu’elles ont acquis dans leur charge, attireraient tous les acheteurs à elles, et donneraient la boisson à meilleur prix à cause des autres émoluments dont elles jouissent. Et c’est là un inconvénient qui n’arrive que trop dans notre monde où l’on voit des officiers et des ministres négocier, trafiquer et s’enrichir en peu de temps par ces indignes monopoles, pendant qu’ils causent la ruine des ouvriers et des marchands.

Le nombre des habitants s’accroît merveilleusement chaque jour, grâce à un certain édit connu sous le nom de loi en faveur de la propagation. En vertu de cette loi, les bienfaits et les immunités augmentent ou diminuent, selon le nombre d’enfants qu’on a engendrés. Quiconque est père de six enfants est exempt de tout tribut ordinaire et extraordinaire :car, dans ce pays-là, on croit que rien n’est plus avantageux à l’état que la vertu politique des mâles et la fécondité des femmes ; en cela on pense bien différemment de la manière dont on pense dans notre pays, où l’on impose un tribut sur chaque enfant comme sur la chose du monde la plus inutile et la plus pernicieuse. Personne dans cette région-là, ne peut exercer deux charges à la fois, car les Potuans ont pour maxime que la moindre occupation demande une personne toute entière. Sur quoi je remarquerai, avec la permission de messieurs les habitants de notre globe, que les charges sont beaucoup mieux administrées chez cette nation que parmi nous ; et la coutume de ne pas exercer deux emplois dans le même temps est si sacrée qu’un médecin n’ose point s’étendre ni s’ingérer dans toutes les parties de la médecine, mais est obligé de s’en tenir à un certain genre de maladie ; un musicien a un seul instrument ; et, enfin, il n’en va pas là comme dans notre globe, où la pluralité des fonctions énerve les forces des hommes, augmente leur mauvaise humeur, fait négliger les emplois, et est cause que nous ne sommes nulle part, parce que nous voulons être partout. De là vient qu’un médecin élevé à la dignité de ministre, voulant guérir les maladies des particuliers et celles de l’Etat, aigrit les unes et les autres ; et si un musicien veut jouer du luth, et faire le magistrat en même temps, on ne peut attendre de lui que des dissonances. Insensés que nous sommes ! nous admirons des gens qui ont l’audace de vouloir exercer plusieurs emplois à la fois, de s’ingérer des plus importantes affaires et qui se croient propres à tout. Nous ne voyons pas que ce n’est là que l’effet d’un téméraire orgueil qui aveugle ces gens-là sur leur faiblesse : car, s’ils connaissaient bien tout le poids des affaires et la petitesse de leurs propres forces, ils refuseraient les fasceaux et trembleraient au seul nom de magistrature. Chez les Potuans, personne n’entreprend rien au-delà de ses talents. Il me souvient, à ce propos, d’avoir oui discourir sur cette matière un illustre philosophe nommé Rakbafi, lequel disait que chacun connaissait son propre génie, qu’il juge sévèrement de ses vices et de ses vertus de peur que les comédiens ne paraissent plus avisés que nous, car ils choisissent toujours les pièces qui sont le plus à leur portée, et non pas celles qui sont les meilleures. Quoi donc ! un baladin saura sur le théâtre,faire un discernement que le sage ne saura pas faire dans la vie ?

Les Potuans ne sont pas distingués en patriciens et en plébéiens, ou en nobles et en roturiers. Cette distinction avait bien lieu autrefois parmi eux, mais les princes ayant remarqué que cela était une source de discordes et de divisions, abolirent toutes les prérogatives attachées à la naissance et voulurent qu’on n’estimât plus que la vertu ,et que l’on n’eût plus égard qu’à elle. Si la naissance, donne quelque privilège aujourd’hui, ce n’est qu’à cause de la quantité des branches que l’on apporte en venant au monde car l’on est estimé plus ou moins noble à proportion de ce que l’on a de branches ;par où l’on est rendu plus ou moins propre au travail des mains. Quant au génie et aux mœurs de la nation, j’en ai déjà parlé plus haut. J’y renvoie le lecteur et je termine ce chapitre pour passer à d’autres choses.

Ludvig Holberg, Le monde souterrain de Nicolas Klim
1re édition en 1741 Amsterdam ; Paris [s. n.], 1788
Traduit du latin par M. de Mauvillon
" La justice des arbres " (p. 23/30)
Chapitre V, " De la nature du pays de Potuan et du caractère de ses habitants ",( p. 72/79)
Copenhague et Leipzig, J. Preus. Gallica