Communautés idéales médiévales
Communautés idéales
Communautés idéales médiévales

Au temps des révolutions

La Cité des Dames " Vous avez cause désormais, chères amies, de vous réjouir honnêtement sans offenser Dieu ni les bienséances, en contemplant la perfection de cette nouvelle Cité qui, si vous en prenez soin, sera pour vous toutes (c’est-à-dire les femmes de bien) non seulement un refuge, mais un rempart pour vous défendre des attaques de vos ennemis. Vous pouvez voir que c’est toute de vertus qu’elle a été construite, matériaux en vérité si brillants que vous pouvez toutes vous y mirer, en particulier dans les hautes toitures de l’édifice. "
Christine de Pisan, La Cité des Dames, XXI.

Le paradis des moines " Au milieu des marais sauvages où les arbres s’enlacent en un maquis inextricable, une plaine aux herbes très vertes attire les regards par sa fertilité ; aucun obstacle n’y arrête le pas du marcheur. Aucune parcelle de terrain n’est laissée en jachère : ici la terre porte des arbres fruitiers, là des vignes rampent sur le sol ou s’élèvent sur de hautes treilles. En ce lieu la culture rivalise avec la nature : ce que celle-ci a oublié, la première le fait surgir. Que dire de la beauté des édifices dont les fondements inébranlables sont jetés dans les marécages ? Cette solitude insigne est accordée aux moines pour qu’ils s’attachent d’autant plus aux réalités supérieures qu’ils sont plus détachés de celles de la vie mortelle […] Vraiment cette île est la demeure de la chasteté, le séjour de l’honnêteté, l’école de ceux qui aiment la Sagesse divine. Bref c’est ici une image du paradis : elle fait déjà penser au ciel. "
Guillaume de Malmesbury, De gestis pontificum Angliæ, IV, P. L. 179, col. 1612 D-1613 A, cité par Dom J. Leclercq, L’Amour des lettres et le désir de Dieu. Initiation aux auteurs monastiques du Moyen Âge, Le Cerf, 1957., p. 127.