Orwell (Eric Blair dit George)
[1903-1950]
Autres textes :

Tommaso Campanella

Thomas More

George Orwell

Zamiatine

Étienne Cabet

Charles Fourier

Robert Owen

Pierre-Joseph Proudhon

Saint Simon

Wassily Kandinsky

Kasimir Malevitch

Filippo Tommaso Marinetti

Piet Mondrian

Né au Bengale, fils d’un petit fonctionnaire de l’administration des Indes, il fait des études à Eton, comme boursier, et y découvre les idées socialistes qui l’influenceront durablement. Pendant cinq ans, il est sergent dans la police impériale en Birmanie avant de démissionner, en désaccord total avec une idéologie oppressive. Commence alors une période difficile, ponctuée de petits travaux (plongeur puis précepteur à Paris, vendeur dans une librairie de Londres) et de chômage, pendant laquelle Orwell reste fidèle à l’écriture : il écrit des romans et des nouvelles, qui ne trouveront pas d'éditeur. En 1933, il publie son premier récit, au nom évocateur de La Vache enragée (Down and out in Paris and London), sous le pseudonyme de George Orwell ; parallèlement, pour compléter ses revenus d’écrivain encore insuffisants, il réalise une enquête sur le chômage en pays minier qu’il publiera sous le titre La Route du quai de Wigan en 1937 (The Road to Wigan Pier). Pendant la guerre d’Espagne, il combat dans les rangs du POUM (Partido Obrerode Unificacion Marxista, socialistes révolutionnaires) ; gravement blessé, il est réformé pendant la Seconde guerre mondiale et travaille pour la BBC tout en écrivant des essais politiques et en collaborant à des journaux et revues, dont une chronique au London Tribune.

Deux récits marqueront sa célébrité. Le premier, La République des animaux (Animal Farm) paraît en 1945 et propose, sous le prétexte d’une fable animale, une réflexion sur le pouvoir à travers une expérience d’autogestion des animaux de la ferme du Manoir, appartenant à Mr Jones. Lassés de la domination humaine, les animaux décident un jour, à l’appel de Major – un verrat très âgé sur le point de mourir – de se révolter. L’opposition est dirigée par deux porcs, Napoléon – politicien démagogue avide de pouvoir – et Snowball – un pur au grand idéal –, et elle est assez efficace pour chasser les hommes ; néanmoins, les hiérarchies réapparaissent très vite et le principe fondateur "Quatrepattes, oui ! Deuxpattes, non !" est rapidement oublié pour devenir : "Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres." A la fin du récit, les animaux sont trahis par quelques opportunistes, mais Orwell va plus loin : c’est aussi la passivité devant le pouvoir qui rend la dictature possible.

1984, publié en 1949, se déroule, à Londres, capitale de la première région aérienne de l’Océania, puissance mondiale avec Eurasia et Estasia établie depuis 30 ans après plusieurs révolutions et un conflit atomique. Océnania est dirigée par le Parti unique dont le chef est invisible mais dont les portraits sont partout : Big Brother. Trois slogans régissent cet univers : "La guerre c’est la paix", "La liberté c’est l’esclavage", "L’ignorance c’est la force" ; quatre ministères l’organisent – Vérité, Paix, Amour, Abondance –, et la population est répartie en trois classes – le Parti intérieur (les dirigeants), le Parti extérieur (les subalternes), les prolétaires (les ouvriers et les travailleurs vivant dans les taudis). Le conditionnement psychologique et la délation règnent en maîtres, à l’aide de télécrans et de micros, et la novlangue est là pour exprimer tous les concepts nécessaires. Winston Smith, le héros, a pour tâche, au ministère de la Vérité, de retoucher les journaux et les livres afin que les prévisions du Parti soient toujours justes. Apparemment docile mais intérieurement révolté, il écrit un journal, a une aventure avec Julia et des contacts avec un opposant. Il est arrêté et torturé avant d’être remis en liberté, totalement anéanti. Dans cette contre-utopie cinglante, Orwell propose une réflexion sur la ruine de l’homme par la confiscation de la pensée et la prolifération de la technocratie.