Théorie des quatre mouvements, son premier traité, paraît en 1808. Il y classe les douze passions (cinq sensuelles correspondant aux cinq sens, quatre affectives – amitié, amour, paternité, ambition –, trois distributives – cabaliste ou goût de l’intrigue, composite ou plaisir des sens et de l’âme, papillonne ou goût du changement) et projette de grouper les individus en fonction de celles-ci pour obtenir l’Harmonie. Il est favorable au retour à la terre, notamment par le biais de phalanstères, associations de production et de consommation fondées sur la copropriété et la cogestion. Il imagine un palais en forme d’étoile comprenant des galeries marchandes couvertes, des salles à manger, une bibliothèque, un temple pour accueillir 1500 à 1600 personnes dont les 7/8^e sont des cultivateurs ou des artisans tandis que le 1/8^e restant correspond aux artistes et aux savants. Les enfants sont élevés en commun, l’éducation conjugue théorie et pratique, chaque membre – connaissant 20 métiers – en pratiquera cinq ou six par jour. Les habitants seront rassemblés en fonction de leur passion dominante et l’attraction passionnelle, et non pas la raison, sera le moteur de cette société. Ecrivain prolifique, il publie ensuite Traité de l’association domestique-agricole (en 1812, réédité en 1834 sous le titre Théorie de l’unité universelle), Le Nouveau Monde industriel et sociétaire (1829), La Fausse industrie (1835-1836) ainsi que de nombreux articles dans Le Phalanstère, ou la Réforme industrielle.
Fourier glisse parfois dans une classification exagérée mais il cherche à rendre le travail attrayant et a voulu réaliser une " phalange d’essai " pour prouver la viabilité du système. Cependant, faute de capitaux, il n’a jamais pu concrétiser son projet : plusieurs de ses disciples le tenteront à sa place, entre 1830 et 1850. Par sa réflexion sur l’organisation du travail, sur les relations entre l’individu et la société, il apparaît comme un précurseur du socialisme français.