patience...
 


" Je suis l'alpha et l'oméga "

Apocalypse figurée
    
Burin Lyon, 1561    
Jean Duvet
   
Paris, BNF, Estampes, Ed 1b Rés. fol., f. 41
30 x 22 cm
L'ange montre à saint Jean la source qui jaillit du trône de Dieu et arrose l'arbre de vie. "Et j'ai entendu une grande voix dire depuis le trône : voici l'abri de Dieu avec les hommes […] Et il m'a dit : c'est fait. Je suis l'alpha et l'oméga […] Je donnerai gratis, à qui a soif, l'eau de la source de vie." (Apocalypse, XXI, 3-6.) "Il m'a montré un fleuve de vie, […] Elle sortait du trône de Dieu et de l'Agneau. Au milieu de la rue, de part et d'autre du fleuve, un arbre de vie fructifiait douze fois donnant du fruit chaque mois." (Apocalypse, XXII, 1-2.) Au bas de la composition, saint Jean agenouillé devant l'ange qui lui montre l'arbre portant douze fruits (référence aux douze tribus d'Israël) lève les yeux vers Dieu, assis, au-dessus de la multitude des élus, sur un trône d'où s'écoule une source. L'éternel tient une image du Christ, qui porte les mots "EGO SUM ALPHA ET..." La partie supérieure, traitée avec une extrême densité, exacerbée par la masse statique des personnages et des constructions, contraste avec la légèreté, la force et l'amplitude des mouvements de l'ange et de saint Jean. La suite de gravures de Duvet publiée, en 1561, sous le titre l'Apocalypse figurée, est sans conteste inspirée de l'Apocalypse de Dürer. Ces deux ensembles sont conçus comme des interprétations du texte plus que comme des illustrations : ainsi Duvet n'a pas rigoureusement illustré les vingt-quatre chapitres et a consacré plus d'une planche à un chapitre. Bien que postérieure à celle de Dürer, l'Apocalypse de Duvet reste plus médiévale, proche des manuscrits des évangéliaires carolingiens ; elle intègre néanmoins, avec un surprenant mépris de la perspective, les architectures majestueuses de la Renaissance. Duvet, orfèvre, était maître dans l'art d'occuper un espace déterminé pour y exprimer une grande quantité d'informations, même à connotation symbolique.