patience...
 


" ... Et il a enchaîn la Bête pour mille ans "

Apocalypse : l'ange tenant la clé de l'abîme
    
Bois Nuremberg, 1511    
Albrecht Dürer
   
Paris, BNF, Estampes, Ca 4 b Rés. fol. t. 2, pl. 16
39 x 28 cm
"Et j'ai vu un ange descendre du ciel avec la clé de l'abîme et une grande chaîne dans la main. Il a tenu le dragon, l'antique serpent qui est le diable et le Satan, et il l'a enchaîné pour mille ans. Il l'a jeté dans l'abîme, et il a fermé et scellé par dessus, qu'il n'égare plus les nations, jusqu'à la fin des mille ans." (Apocalypse, XX, 1-3.) "Un des sept anges […] m'a emporté en esprit sur une grande et haute montagne, il m'a montré la ville sainte, Jérusalem […] Elle a une grande et haute muraille et douze portes, et douze anges sur les portes." (Apocalypse, XXI, 9-12.) Cette vision prophétique a inspiré tout le Moyen Âge, de saint Augustin aux artistes du gothique flamboyant, mais Dürer, qui souligne la séparation entre les Ténèbres et la Cité lumineuse, donne une connotation particulière à ces visions fantasmagoriques. Cette planche est la dernière de l'Apocalypse de Dürer, ensemble de quinze bois gravés entre 1496 et 1498, auxquels l'artiste a ajouté un frontispice pour l'édition latine de 1511. Avec ce premier livre conçu et édité par un artiste, sans aide financière extérieure, Dürer rompt avec la tradition médiévale du livre illustré, dans lequel l'image se mêle au texte; il y utilise la gravure comme une interprétation du récit de saint Jean, avec une maîtrise exceptionnelle qui inscrit cette suite dans les chefs-d'œuvre de l'art occidental.