patience...
 


Somptueuse reliure pour le Capital

Le Capital
    
(Traduit par Joseph Roy et entièrement révisé par l'auteur). Paris, M. Lachâtre, [1872-1875]    
Karl Marx
   
Londres, Sir Paul Getty K.B.E. - Wormsley Library
30 x 30 cm
Faute d'une traduction anglaise, qui ne paraîtra qu'en 1887, William Morris, voulant se familiariser avec la pensée de Karl Marx, s'était procuré en 1883 une traduction française du premier livre du Capital, parue de 1872 à 1875. Œuvre majeure, à la traduction de laquelle son auteur a contribué, au point qu'elle rassemblait des réflexions inédites qu'il réservait à une seconde édition allemande, elle fut tirée à peine à mille exemplaires, en partie en livraisons à dix centimes, en partie en exemplaires brochés ou reliés dont tous ne furent pas vendus. L'éditeur Lachâtre (1814-1900), communard, exilé, conspirateur sous l'Empire, influencé à la fois par le saint-simonisme et le fouriérisme, était le type même de ces révolutionnaires tentant, au milieu des difficultés, d'assurer la propagation des idées socialistes. Néanmoins, en commerçant avisé, il n'assura ni à l'auteur ni au traducteur Joseph Roy des conditions avantageuses. C'est l'un des volumes sorti de ses presses, endommagé par une lecture assidue, que William Morris confia à son ami Thomas James Cobden-Sanderson pour qu'il le revête d'une reliure originale, l'un de ses tout premiers travaux. Le contraste est frappant entre le texte austère de cette critique de l'économie politique, machine de guerre intellectuelle à l'usage du prolétariat, et sa reliure, très probablement sans équivalent sur un autre exemplaire du Capital. La volonté de lui accorder une parure aussi remarquable traduit sans doute la reconnaissance que Morris, en tant que socialiste, accordait au théoricien, inspirateur de la fédération sociale démocratique de Hyndman dont il faisait partie.