patience...
 


Émile Zola (1840 - 1902)

J'accuse
    
Manuscrit autographe, reliure chagrin rouge, 39 f., 21 x 18 cm     

   
Paris, BnF, Département des Manuscrits, NAF 19951
21 x 18 cm
Après l'acquittement d'Esterhazy par le conseil de guerre, le 11 janvier 1898, Émile Zola publie dans L'Aurore daté du 13 janvier son article J'accuse, pour témoigner de son indignation devant l'injustice commise à l'égard d'Alfred Dreyfus. Le "Manifeste des Intellectuels", préparé depuis le début de janvier, paraît le lendemain : du 14 janvier au 4 février, L'Aurore publiera 1 500 noms. De la dégradation solennelle de Dreyfus en 1894 à sa réhabilitation en 1906, "l'Affaire" porte la discorde dans les familles, les salons, la rue, les journaux, divise la société en deux partis inconciliables. Marcel Proust, même s'il reste toujours assez nuancé, tente d'arrondir les angles durant les altercations, et de comprendre la position de certains antidreyfusards de ses amis, est d'emblée favorable à la révision, signe et fait signer des pétitions, ce qui ne va pas complètement de soi. En effet, sa mère est dreyfusarde, de même que le cercle de ses amis du Banquet, mais son père Adrien (ami intime du président Félix Faure, il appartient à l'establishment de la République) ne parle pas de huit jours à ses deux fils après leur signature. En outre, la prise de position de Proust est contraire à ses intérêts à un moment où il commence à se faire une place dans le Monde, où le milieu qu'il fréquente est globalement anti-dreyfusard. Même si son rôle ne fut pas celui d'un Zola, il faut donc lui reconnaître courage et lucidité, qui firent alors défaut à beaucoup.