Les calotypistes : naissance de l'album de photographies
par Sylvie Aubenas
 
 

C'est à partir du début des années 1850 que les photographes voyageurs se font plus nombreux. Le système négatif/positif mis au point dès 1841 sous la forme du calotype (négatif papier), peu pratiqué avant la décennie suivante, commence alors à susciter un certain intérêt, au moment où il est complété par l'invention du négatif sur verre au collodion par l'Anglais Scott Archer. Mais ce support, justement, lourd et fragile, était peu adapté aux voyages lointains, et c'est le calotype qui eut la préférence. Entre 1851 et 1860, vont paraître des albums de voyage dont la qualité et la beauté ne seront guère surpassées par la suite : ceux de Du Camp (1852), de Greene (1854) et de Salzmann (1856), publiés par Blanquart-Évrard, ceux de Teynard, par H. de Fonteny pour Goupil (1858), et de Louis de Clercq à compte d'auteur en 1860, enfin celui d'Henry Cammas, également en 1860. L'ère du calotype, que pratiquent bien des voyageurs au-delà de ces six exemples célèbres, s'étend entre 1851 et 1860, pour ne faire place qu'ensuite, peu à peu, au négatif sur plaque de verre.

     

   

Après les pionniers daguerréotypistes du début des années 1840, peu nombreux et mal connus, les calotypistes – artistes, archéologues, peintres, écrivains et photographes amateurs – sont bien plus nombreux. Plus encore, sans doute, qu'on ne peut le savoir : eux non plus ne sont pas tous répertoriés, et beaucoup d'épreuves non signées demeurent difficiles à attribuer.
La particularité des calotypistes, dans cette période, tient à ce qu'ils ont publié leurs œuvres sous forme d'albums contenant des épreuves collées. Ces grands et luxueux volumes reliés, contenant à la fois un texte imprimé et des tirages effectués à la pièce, précèdent les progrès de l'imprimerie photomécanique qui permettront de multiplier à moindres frais les photographies dans les livres, dans la presse ou en portefeuilles. C'est tout autre chose qu'une diffusion image par image à l'intention de l'acheteur moyen, et on est très loin encore de la carte postale