Louis
de Clercq (1836-1901) par Sylvie Aubenas |
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Issu d'une riche famille du nord de la France, futur député du Pas-de-Calais, Louis de Clercq manifesta un intérêt vif et précoce pour l'archéologie. Cet intérêt se concrétisa lorsqu'en 1859, après avoir participé à la campagne d'Italie, il sollicita auprès du ministère des Beaux-Arts une mission en Orient, avec l'archéologue Guillaume Rey que lui avait présenté son beau-frère, A. de Boisgelin, et qui, en même temps, demandait une mission au ministère de l'Instruction publique. Cette expédition conjointe avait pour but d'étudier les châteaux forts des croisés en Syrie, auxquels Guillaume Rey souhaitait consacrer un ouvrage qui aurait été illustré par les photographies de son compagnon. Ils quittèrent en effet Paris en août 1859, débarquèrent à Lattakieh et voyagèrent ensemble pendant cinq mois. Ils se quittèrent en janvier 1860 à Jérusalem après avoir réalisé les photographies que souhaitait Rey. Celui-ci rédigea alors à l'intention du ministre de l'Instruction publique, Rouland, un rapport décrivant le travail accompli et annonçant la publication des résultats. Mais Louis de Clercq, qui avait pris goût à la photographie de voyage, continua son périple pour son propre compte, photographiant Jérusalem, l'Égypte et, pour finir, l'Espagne. De retour à Paris, il publia à compte d'auteur, à cinquante exemplaires, un somptueux et monumental ensemble de six tomes en cinq volumes comprenant deux cent vingt-deux tirages. Il trahissait donc Rey en publiant des photographies faites pour lui, même s'il les incluait dans l'ensemble plus vaste qu'était devenu son propre voyage. Dans un article publié tardivement, en 1881, où il retrace l'historique de cette expédition, de Clercq ne se présente plus du tout comme le jeune assistant de Rey mais comme un archéologue voyageur agissant pour son propre compte : il ne mentionne même pas la présence de Rey à ses côtés, et c'est à peine s'il concède que "les découvertes que j'ai faites ne sont pas demeurées complètement inédites ; j'ai eu le plaisir de les mettre à la disposition de M. E. G. Rey, qui en a utilisé une partie pour son ouvrage sur l'architecture militaire des croisés". Quels que soient les démêlés qui ont pu opposer les deux hommes, il reste que les photographies de Louis de Clercq sont une réussite : c'est un itinéraire de voyage atypique, qui n'est centré ni sur l'Égypte, ni sur la Terre sainte. Les images sont formellement très maîtrisées. L'idée de retranscrire en photographie les étapes du chemin de croix est sans exemple. Ses panoramiques sont parfaitement construits et il a un sens du paysage qui le rapproche de Greene et de Teynard. Ouvrages : Voyage en Orient : recueil photographique exécuté par Louis de Clercq, 1858-1859, s. l. [à compte d'auteur], s. d. – premier album : Villes, monuments et vues pittoresques de Syrie ; deuxième album : Châteaux des temps des croisades en Syrie ; troisième album : Vues de Jérusalem et des Lieux saints, Palestine ; quatrième album : Les stations de la Voie douloureuse à Jérusalem ; cinquième album : Monuments et sites pittoresques de l'Égypte ; sixième album : Voyage en Espagne.
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