Le dossier
Boris Vian

Vian au goût des jours ?

Par Christelle Gonzalo

« Boris fut toujours futur. Sa mort, c'est du passé1. »

L'Écume des jours en France et à l'étranger

Lors de sa parution en 1947, L’Écume des jours n’obtient pas le succès escompté, et toute la vie de Vian est empoisonnée par son double Vernon Sullivan. Ce n’est qu’en 1961-1962 que Jean-Jacques Pauvert négocie avec Gallimard les droits de L’Écume des jours : Gallimard se défait sans trop de remords de ce roman, dont il n’a vendu qu’un millier d’exemplaires. Jean-Jacques Pauvert publie L’Écume des jours le 13 mai 1963. En parallèle, le 16 mai 1963, le roman paraît dans la collection 10/18 à l’Union générale d’éditions, sous la direction littéraire de Michel-Claude Jalard, avec une postface de Jacques Bens qui a fait date, intitulée « Un langage-univers » : « On aura reconnu que ce monde de Boris Vian est entièrement fondé sur le langage, c’est-à-dire : naît de lui, et trouve en lui chacune de ses justifications. Ainsi, le Verbe est bien devenu Dieu. » Les deux éditions (traditionnelle et format de poche) sont donc simultanées, et ne se font pourtant pas de tort l’une à l’autre. Depuis, ce titre est devenu l’un des classiques de la littérature française, et il a été publié à l’étranger dans de nombreuses langues. Actuellement, L’Écume des jours s’est vendu à deux millions d’exemplaires en France et à l’étranger. 

Les rééditions et la publication d'inédits

Après L’Écume des jours en 1963, d’autres titres sont réédités au Terrain Vague par Éric Losfeld (le premier éditeur posthume de Vian), chez Jean-Jacques Pauvert et en 10/18, puis chez Christian Bourgois. Grâce à l’impulsion de ces éditeurs courageux, et de quelques amis passionnés du Collège de ‘Pataphysique, l’œuvre  de Vian s’impose peu à peu, et des inédits vont pouvoir trouver un public. 

La redécouverte

Dans les années 1960, quelques amateurs révèlent au grand public les multiples talents de Boris Vian. Le Collège de ‘Pataphysique soutient le travail de réédition des textes et, dès juin 1960, consacre le « Dossier 12 » des Dossiers acénonètes du Collège de ‘Pataphysique à Boris Vian. Plusieurs publications posthumes s’échelonnent grâce au Collège : Zoneilles (1961), Le Goûter des généraux (1962), Mémoire concernant le calcul numérique de Dieu (1977)… Noël Arnaud fait aussi paraître ses Vies parallèles de Boris Vian, biographie fondatrice régulièrement rééditée. Des numéros spéciaux de revues permettent également de mettre en évidence divers aspects de l’œuvre  et de la personnalité de Vian : la revue Bizarre en 1966, Le Magazine littéraire en 1968, la revue Obliques en 1976. C’est le début de la notoriété. Il n’a manqué à Boris Vian qu’un peu de temps pour constater lui-même cet étonnant renversement de situation. 




1. Raymond Queneau, « Boris Vian Satrape mutant », Dossiers acénonètes du Collège de ‘Pataphysique, no 12, 23 juin 1960

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