Carte d'étrennes
Victor Hugo, 1er janvier 1857.
Plume et pinceau, encre brune, gouache rouge
BnF, Manuscrits, NAF 16964, f. 110
© Bibliothèque nationale de France
Nos tendresses, en ce temps-là, étaient avant tout les poètes. Nous ne flânions pas seuls. Nous avions des livres dans nos poches ou dans nos carniers. Pendant une année, Victor Hugo régna sur nous en monarque absolu. Il nous avait conquis avec ses fortes allures de géant [...]. Nous savions de mémoire des pièces entières, et, quand nous rentrions le soir, au crépuscule, nous réglions notre marche sur la cadence de ses vers, sonores comme des souffles de trompettes [...]. Au sortir de nos leçons, la mémoire glacée des tirades classiques que nous devions apprendre par cœur, c'était pour nous une débauche pleine de frissons et d'extase que de nous réchauffer, en logeant dans nos cervelles des scènes d'Hernani et de Ruy Blas. Que de fois, au bord de la rivière, après quelque bain prolongé, nous avons joué à deux ou trois des actes entiers !
Nouveaux Contes à Ninon, 1874
 
 

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